Des "virus" inactivés pour régénérer les cellules du foie

Une étude expérimentale de chercheurs californiens, publiée dans la revue Cell Stem Cell, présente une piste de traitement innovante de la fibrose hépatique. Grâce à l'injection de virus inactivés chez des souris, les scientifiques envoient des instructions génétiques à des cellules du foie pour le régénérer.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
Un lien entre testostérone et asthme identifié chez la souris (Image d'illustration)
Un lien entre testostérone et asthme identifié chez la souris (Image d'illustration)

Le foie peut être endommagé par différents facteurs comme l'alcool, le sucre ou un excès de cholestérol. Pour cicatriser après ces agressions, comme après n'importe quelle blessure, certaines cellules du foie appelées fibromyoblastes produisent du collagène.

Mais lorsque les cicatrices et le collagène s'accumulent, le foie devient fibreux et les hépatocytes sont comme "étouffés" incapables de se régénérer, de faire leur travail et la circulation sanguine devient difficile. Ceci peut conduire à l'apparition de cancers, d'insuffisances hépatiques, de cirrhoses. À terme, la seule solution pour sauver ces patients est la greffe.

La pénurie d'organes à transplanter a conduit une équipe de chercheurs de l'université de Californie à San Francisco à imaginer une stratégie pour régénérer les cellules du foie existantes et limiter la déposition de collagène. Ils ont alors pensé à reprogrammer génétiquement les myofibroblastes, cellules du tissu de soutien du foie, pour les transformer en hépatocytes (cellules spécifiques fonctionnelles du foie). L'expérience a eu lieu chez la souris et l'expérimentation chez l'homme est encore lointaine, mais leurs résultats encourageants en font une piste à explorer.

Des "faux" virus transporteurs de l'information génétique

Pour cela, ils ont utilisé des enveloppes de virus inactivés et reprogrammés pour être attirés par les fibromyoblastes. En temps normal, quand un virus infecte une cellule, il se fixe à sa paroi et perce un trou pour injecter son ADN qui comporte les gènes nécessaires à sa dissémination. Il "pirate" ensuite la cellule pour se multiplier.

Dans cette expérience, l'ADN viral est remplacé par de l'ADN codant pour des protéines activant l'expression de gènes spécifiques aux hépatocytes. Mais le virus garde sa capacité d'injection. Ainsi, quand un "faux" virus infecte un fibromyoblaste, il lui apporte les informations génétiques nécessaires pour se transformer en hépatocyte.

Après injection des virus inactivés par une veine dans la queue des souris, les chercheurs ont examiné leur foie quatre semaines plus tard. Les résultats montrent que certains fibromyoblastes ont bien été reprogrammés en hépatocytes. Ces cellules sont alors capables de fonctionner comme telles, de se multiplier permettant ainsi de réparer les zones lésées. L'accumulation de collagène semble également diminuer.

Cell Stem Cell 18, 809–816, June 2, 2016 ª 2016 Elsevier Inc. In Vivo Hepatic Reprogramming of Myofibroblasts with AAV Vectors as a Therapeutic Strategy for Liver Fibrosis