Les sages-femmes en mal de reconnaissance

Une centaine de sages-femmes s'est rassemblée, mercredi 16 octobre 2013, pour un "sit-in" devant le ministère de la Santé. Elles réclament que leur soit accordé le statut de praticien de premier recours et de praticien hospitalier. Après avoir été reçus par une délégation du ministère, les syndicats de sages-femmes appellent à une grève illimitée. Entretien avec Caroline Raquin, présidente de l'Organisation Nationale Syndicale des Sages-Femmes (ONSSF) et responsable du mouvement.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien avec Caroline Raquin, sage-femme et présidente de l'organisation nationale syndicale des sages-Femmes (ONSSF)
Entretien avec Caroline Raquin, sage-femme et présidente de l'organisation nationale syndicale des sages-Femmes (ONSSF)
  • Parmi vos deux principales revendications, la première est l'obtention par votre profession du statut de praticien de premier recours. Qu'est-ce que cela changerait ?

Caroline Raquin, présidente de l'ONSSF : "Actuellement, les femmes enceintes ne sont pas obligées de consulter dans un premier temps un médecin généraliste pour obtenir ensuite un rendez-vous avec une sage-femme. Elles peuvent faire appel à nous directement. Or, bien souvent, les femmes ne le savent pas. C'est seulement en arrivant à la maternité, quand on leur demande si elles veulent être suivies par un généraliste ou une sage-femme, qu'elles l'apprennent. Elles sont peu informées de ce que nous faisons en dehors des accouchements. Nous voulons donc que ce statut soit inscrit dans le Code de santé publique pour que toutes les femmes soient informées de leur possibilité d'accéder à une sage-femme, que ce soit pour la grossesse ou le suivi gynécologique.

"Cela nous permettrait  aussi de répondre aux envies de certaines femmes d'avoir une maternité un peu moins médicalisée, car il y a d'autres moyens d'accoucher que d'avoir une péridurale ou une perfusion. Quelque soit leur choix, nous voulons qu'elles soient éclairées sur les possibilités dont elles disposent pour suivre leur grossesse. En demandant l'obtention du statut de praticien de premier recours, nous souhaitons que les pouvoirs publics nous donnent les moyens d'exercer nos compétences. "

  • Votre seconde revendication est l'obtention du statut de praticien hospitalier pour les sages-femmes des établissements de santé. Qu'est ce que ce statut apporterait à votre profession ?

Caroline Raquin : "Le statut de praticien hospitalier est un statut des professions médicales, il n'est pas réservé aux médecins. Les dentistes et les pharmaciens en bénéficient aussi. La profession de sage-femme est la seule profession médicale à être classée parmi toutes les professions paramédicales et non médicales à l'hôpital.

"Pourtant, en milieu hospitalier ou en ville, on est d'égal à égal avec les médecins pour le suivi des femmes enceintes. Nous voulons donc obtenir une reconnaissance de notre profession de la part du ministère, de la profession médicale en général et de la population."

  • Après votre "sit in" de la journée du 16 octobre, vous avez été reçues par les représentants du ministère de la Santé. Qu'est-il ressorti de vos discussions ?

Caroline Raquin : "En sortant du ministère on s'est aperçu que les sages-femmes n'étaient pas inclues dans la loi de santé publique de 2014 qui va être travaillée et votée l'année prochaine. La participation de notre profession n'était même pas prévue dans les discussions et les concertations de travaux en préparation du projet de loi se rapportant au parcours de soin des femmes. Alors que nous sommes quand même au centre de ce parcours de soins. Au cours de notre entretien, les délégués du ministère nous ont seulement proposé de travailler sur cette loi. C'est un bon début, mais 2014 cela nous paraît loin. "

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