L'écriture des médecins peut tuer

Une ordonnance illisible pour le patient mais aussi le pharmacien... La légendaire écriture des médecins ne se serait pas améliorée ces dernières années, au point de provoquer de graves erreurs de délivrance de médicaments. Pourquoi les médecins écrivent-ils toujours aussi mal ? La multiplication des ordinateurs dans les cabinets médicaux n'a-t-elle rien changé ?

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Lorsqu'un médecin écrit trop mal, cela peut être fatal. L'Agence nationale de sécurité du médicament alerte régulièrement les professionnels sur les risques de confusion entre médicaments aux noms très proches. Le dernier appel à la vigilance concerne le remplacement du Permixon®  par du Previscan®, un anticoagulant qui peut alors provoquer des hémorragies.

Risques de confusion

"Nous avons ciblé la confusion entre Permixon® et Previscan® qui correspondent à des produits d'utilisation sensible. Le Permixon® est un produit utilisé dans l'adénome de la prostate donc il concerne des personnes plutôt âgées, plutôt fragiles. On se doute bien que les conséquences peuvent être graves donc il faut prévenir ces erreurs. C'est la raison pour laquelle nous faisons cette communication ciblée sur les professionnels de santé notamment", explique Patrick Maison, directeur de la surveillance de l'Agence nationale de sécurité du médicament. Ces dernières années, les cas d'erreurs signalés à l'Agence du médicament ont en tout révélé plus de 100 duos de produits dont l'écriture manuscrite peut être confondue. Une menace presque quotidienne pour les pharmaciens.

La légendaire mauvaise écriture des médecins serait donc encore bien une réalité, presqu'une coutume indissociable de la blouse blanche : "L'ordonnance un peu mal écrite était presque identitaire pour un médecin", confie le Pr François Desgrandschamps, urologue. Et en plus du poids des codes ancestraux, le rythme de la profession rend difficile la rédaction de belles ordonnances : "Il faut arriver à écrire vite parce qu'on doit avoir cinq à dix minutes par patient. Et donc il faut que la rédaction de l'ordonnance soit la plus rapide possible. Et souvent, nous avons tendance à transformer des lettres… Il faut se corriger et prendre le temps d'écrire. L'ordonnance doit être lisible, elle doit en tout cas être comprise par le malade", ajoute le Pr Desgrandschamps.

L'ordonnance imprimée pas encore généralisée

Les futurs médecins valident entièrement cet impératif de lisibilité pour les ordonnances et pour les dossiers des patients qui sont encore très souvent rédigés à la main dans les hôpitaux. Pourtant, sécurité et informatique sont tout à fait compatibles pour le docteur Koskas. Toutes les ordonnances de ce pédiatre sont imprimées sans aucune nostalgie d'une prescription qui serait plus personnelle à la main : "Je tape mon ordonnance, je la vérifie sur l'ordinateur, je vois si j'ai indiqué la bonne posologie… J'ai l'impression de la rédiger et je pense que pour les posologies importantes, il vaut mieux que les ordonnances soient rédigées sur ordinateur". Car pour un tout-petit, donner deux cuillères de sirop au lieu d'une peut être dangereux.