Le gouvernement lance une vaste concertation sur la politique de santé

La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, a lancé lundi une grande concertation sur les priorités de la stratégie nationale de santé du gouvernement. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Les explications avec Rudy Bancquart, journaliste
Les explications avec Rudy Bancquart, journaliste

Les priorités de la stratégie nationale de santé seront adoptée en décembre, après une phase de concertation qui débute ce 18 septembre. "Cette stratégie sera mise en oeuvre dès 2018", a précisé le ministère. 

Les travaux préliminaires s'organiseront autour de "quatre thèmes prioritaires". Ceux-ci ont été retenus par la ministre à partir d'un rapport que le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP), officiellement remis ce 18 septembre : la prévention et la promotion de la santé dès l'enfance, la lutte contre la montée des inégalités sociales et territoriales d'accès à la santé, la nécessité d'accroître la pertinence et la qualité des soins, et l'innovation (télémédecine, objets connectés...).

Maladies chroniques

"L'objectif est de développer une vision de moyen et long terme" afin de "redonner de l'impulsion et du souffle à nos politiques de santé", a déclaré Mme Buzyn lors d'une conférence de presse au ministère.

Si l'espérance de vie des Français (85,4 ans pour les femmes, 79,3 pour les hommes) est élevée, le rapport du HCSP constate une hausse des maladies chroniques (cancers, diabète, maladies cardiaques, maladies neurodégénératives comme Alzheimer...).

"Les maladies chroniques touchent quelque 15 millions de personnes en France et selon les projections, ce nombre pourrait monter à 20 millions en 2020", a expliqué à l'AFP le professeur Franck Chauvin, président du HCSP.

L'accent mis sur la prévention

D'où l'importance de la prévention, qui devra selon Mme Buzyn être une "priorité" de la stratégie nationale, "avec une attention particulière pour les publics précaires et les enfants".

En plaidant pour un "virage préventif" du système de santé français, le HCSP suggère de mettre l'accent sur les "trois facteurs de risque" (alimentation, alcool, tabagisme) qui expliquent une part majeure de la mortalité évitable, ainsi que sur les questions de pollution.

La ministre a déjà déclaré vouloir donner plus d'importance à la prévention (promotion d'une alimentation saine, de l'activité physique, lutte contre les addictions et contre les maladies infectieuses).  Elle a ainsi annoncé l'extension du nombre de vaccins obligatoires pour les jeunes enfants, qui fait polémique, ainsi que l'augmentation progressive du prix du tabac. Le prix du paquet de cigarettes "va augmenter de trois euros, la question c'est : à quel rythme ?", a-t-elle rappelé lundi.

Autre objectif: rendre le parcours de soins plus pertinent, ce qui, selon le HCSP, doit conduire à "sortir du modèle du tout-hôpital", qui est une spécificité française, pour "réorienter l'offre de soins vers les soins de ville" (en libéral).

Hospitalisations de courte durée et déserts médicaux

Le HCSP pointe du doigt en particulier "le poids majeur des hospitalisations ponctuelles" (une à deux journées), qui est "le premier poste de dépenses de l'Assurance maladie (31 milliards de dépenses, avec une progression de 2,4 % pour la période 2012-2015)".

Enfin, un plan de lutte contre les déserts médicaux sera annoncé en octobre, pour contrer les "inégalités sociales et territoriales d'accès aux soins", a souligné la ministre. Elle a insisté sur "la nécessité de faire de la santé un objectif de toutes nos politiques, qu'elles soient éducatives, environnementales, agricoles, sportives ou judiciaires".

avec AFP