États-Unis : marcher pour payer moins cher sa couverture médicale

Des assureurs américains veulent récompenser leurs clients en leur faisant gagner de l'argent s'ils pratiquent un peu de marche quotidienne.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
©PureSolution Fotolia
©PureSolution Fotolia

Un peu de marche quotidienne et vous gagnez 1,50 dollar, faites plus d'exercice et c'est un bonus de 1.400 dollars sur l'année: des assureurs américains veulent ainsi inciter leurs clients à se dépenser et rentabiliser leur couverture médicale.

L'idée n'est pas nouvelle, mais a pris de l'ampleur avec la popularisation des accessoires connectés ("wearables"), ces bracelets et autres gadgets qui calculent la distance parcourue ou le nombre de calories brûlées.

UnitedHealthcare, deuxième plus gros assureur médical aux Etats-Unis, propose ainsi à ses clients de faire de l'exercice en échange d'une réduction des coûts pour eux et leurs employeurs. Ces derniers sont en effet tenus, depuis la réforme de santé Obamacare, de proposer une couverture santé dès lors qu'ils emploient plus de 50 personnes.

"L'un de nos plus grands défis est de motiver les gens pour qu'ils se sentent responsables de leur propre santé", explique Steve Beecy de UnitedHealthcare, dont le groupe propose à ses assurés un petit boîtier servant de podomètre, entre autres fonctions. "Nous constatons un intérêt croissant dans l'usage de la technologie pour aider les gens à devenir de meilleurs consommateurs pour leur couverture médicale", développe Scott Marcotte, de Xerox Human Resources, qui a participé à l'étude.

Une intrusion dans la vie des salariés ?

Des critiques reprochent cependant à ces technologies de s'immiscer dans la vie privée des salariés, malgré l'obligation de confidentialité imposée sur les données sur la santé.

"L'évolution des technologies est plus rapide que celle des protections légales", explique ainsi Bradley Shear, avocat spécialisé dans la protection de la vie privée.

Un rapport publié cette année par l'Université de Toronto signale ainsi que "dans certaines situations, des informations récoltées par ces objets connectés ont été utilisées dans des dossiers sur des agressions sexuelles".

"Il y a aussi des préoccupations quant au fait que ces objets puissent être utilisés pour suivre les déplacements de leurs propriétaires", ajoute le texte.

"Le but à long terme n'est pas que vous soyez en meilleure santé, mais c'est de récolter plus de données pour les vendre et vous évaluer", estime pour sa part Barbara Duck, une consultante animant un blog sur la santé.

Certains employés se sentent obligés de participer à ces programmes car ils n'ont pas le moyens de payer des pénalités en cas de refus, dénonce-t-elle également.

Un sondage auprès de plus de 200 grands employeurs aux Etats-Unis a montré que 37% d'entre eux utilisaient des accessoires connectés pour mesurer les performances physiques de leurs employés en 2015. D'après le National Business Group on Health qui a effectué l'enquête, 37% envisagaient par ailleurs de s'y mettre dans les années à venir.