A l'hôtel ou à l'hôpital ?

Désormais, les établissements de santé qui le souhaitent peuvent expérimenter, pendant trois ans, une prestation d’hébergement temporaire non médicalisée pour leurs patients. Celle-ci peut avoir lieu avant ou après la prise en charge médicale, et l’établissement de santé peut la réaliser dans ses propres locaux ou extra-muros, via un partenariat avec une association ou prestataire hôtelier.  

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Avant et après une opération, à l'hôtel ou à l'hôpital ?


Théa et ses parents sortent de leur rendez-vous d’anesthésie. Car, dans deux jours, la petite fille de 6 mois et demi va subir une intervention de l’œsophage. La seconde opération en un mois pour cette famille venue spécialement de Rouen. Il y a 15 jours, Déborah et Florian avaient déjà dû passer une semaine à l’hôpital.

Déborah Herubel, la maman de Théa, a dormi à l'hôpital avec sa fille pendant que le papa dormait à l'hôtel. "On passait nos journées ensemble dans l’enceinte de l’hôpital, et nos soirées séparés", fait remarquer la jeune femme. "Il restait le soir le plus tard possible, mais on était séparé la nuit ; ce n'était  pas facile et c’était fatiguant", souligne-t-elle.

Réduction du stress et meilleure gestion des lits à l'hôpital

Mais cette semaine, toute la famille va dormir à l’hôtel, avant et après l’intervention de Théa. Une expérimentation mise en place il y cinq mois à l’hôpital pédiatrique Robert-Debré de l'AP-HP.

"Pour les enfants qui ne nécessitent pas de soins particuliers à l’hôpital, les avantages sont une réduction du stress, pour les enfants, mais également pour les parents", fait remarquer Christine Favé, cadre du service des maladies digestives et respiratoires de l'hôpital. De plus, "cela fluidifie la gestion des lits, les entrées et les sorties du service et c’est un gain véritable pour les parents", fait-elle remarquer.

Un hôtel à 10 minutes de l'hôpital

Une fois les rendez-vous de la semaine calés, Déborah, Florian et leur petite Théa vont poser leurs valises dans un hôtel, situé à 10 minutes à pied de l’hôpital. Ils y resteront quatre nuits durant la semaine, entièrement prises en charge par l’hôpital et leur mutuelle.

"Là on est autonome, on peut faire ce que l'on veut, on n’est pas enfermés dans l’enceinte de l’hôpital à tourner en rond", fait remarquer la maman de Théa. "On va pouvoir faire notre vie comme on fait d’habitude", souligne-t-elle.

Chaque mois, cet hôtel accueille cinq patients. Un partenariat hôtel-hôpital conclu en juillet 2016.

Pour Aoman Olikoud, directeur de l’hôtel B&B, "L’objectif est d’atteindre 10 à 20 chambres par semaine". Et le professionnel de souligner : " Cela n’arrête pas de monter, petit à petit ; ça se passe très bien et nous espérons atteindre la vitesse croisière d’ici peu".

Des économies pour l'hôpital

A long terme, ce serait l’Assurance-maladie qui prendrait en charge ces nuits d’hôtel. Une dépense qui serait, en réalité, une source d’économie. Une journée d’hospitalisation coûte, en effet, entre 1.000 et 1.500 euros, alors qu’une nuit d’hôtel coûte entre 50 et 150 euros.

Mais cela ne "s’applique pas à toutes les interventions, à  tous les cas", fait remarquer le Pr Jean-Pierre Bethoux, chirurgien consultant des hôpitaux à l'hôpital Cochin-Port Royal de l'AP-HP. Par contre, "là où les patients restaient une semaine, ils resteront une nuit ou deux à l’hôpital et ils iront une nuit ou deux ou trois à l’hôtel, ce qui permet de raccourcir considérablement les frais de séjour et de dégager des marges de manœuvre à l’hôpital pour, justement, qu’il investisse", note le médecin. "C’est un scénario gagnant-gagnant pour tout le monde", insiste-t-il.

D'ores et déjà, une centaine d’établissements publics et privés de toute la France ont déposé un dossier pour expérimenter ces hébergements temporaires, durant les trois prochaines années.