Maltraitance dans un foyer pour polyhandicapés : l'établissement placé sous administration provisoire

Trois plaintes ont été déposées pour des violences présumées dans la Maison d’Accueil Spécialisée (MAS) de Pavillon-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis. L’ARS a placé l'établissement sous administration provisoire ce mardi 30 juillet.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
L'établissement placé sous administration provisoire par l'ARS
L'établissement placé sous administration provisoire par l'ARS  —  © Fotolia

“La sécurité des résidents de la MAS Virginie n’est pas garantie.” Annonce catégorique de l’ARS après une inspection menée en urgence à la Maison d’Accueil Spécialisée de Pavillon-sous-Bois en Seine-Saint-Denis ce jeudi 25 juillet. L’institution “confirme les actes de maltraitance à l’encontre d’un résident” mais aussi “d’importantes carences en personnel”. L'ARS a donc pris la décision de placer le foyer “sous administration provisoire.” Le choix s’est porté sur l’établissement public de santé mentale de Ville-Evrard.

 

Ce résident, c'est le fils de Monique. La mère de famille pensait enfin pouvoir souffler après avoir trouvé une place dans un foyer pour son fils de 29 ans, souffrant de troubles autistiques. La fin de “quatre années de galères à chercher une place dans un lieu adapté” explique-t-elle à nos confrères de France Bleu Paris. Il a rejoint la vingtaine de jeunes adultes polyhandicapés accueillis dans cette maison associative depuis 2011. Mais pour Monique l’apaisement a tourné au cauchemar. 

 

Des hématomes sur le corps, 10 jours d’ITT

La mère de famille a porté plainte contre le foyer qui accueille son fils, fin juin, après avoir reçu une vidéo, tournée en caméra-cachée lors d’une sortie extérieure. Elle y reconnaît son fils alors frappé par un éducateur muni d’un bâton.

“Lorsque j'ai reçu cette vidéo, j'étais déjà inquiète car j'avais remarqué qu’il avait des bleus en rentrant à la maison le week-end du 22 juin. Ce n'était pas la première fois. Je l'ai emmené chez le médecin qui lui a prescrit 10 jours d'ITT (incapacité totale de travail).” explique-t-elle dans les colonnes du Parisien.

Des photos ont aussi été envoyées à Monique, son fils y apparaît le corps marqué de bleus. La mère de famille a demandé des explications à la MAS, celle-ci lui aurait répondu qu’il se serait fait ses hématomes tout seul. L’éducateur a depuis été mis à pied.

13 signalements à l'ARS depuis 2016

Ce n’est pas le premier cas de soupçons de violences rapporté dans ce foyer. “Ici on soigne en tapant ou en shootant aux médicaments” révèle à France Bleu Paris un ancien employé. 

L’Agence Régionale de Santé d'Île-de-France (ARS) a déjà reçu 13 signalements depuis avril 2016. “Mais cela ne concerne pas uniquement des soupçons de violences” nous précise l'institution. Plusieurs inspections ont déjà été réalisées, la dernière date de juillet 2018. "Des injonctions" avaient été formulées concernant "la sécurisation du circuit des médicaments, l'incomplétude de l'équipe pluridisciplinaire ou encore la communication avec les familles et tuteurs des résidents."

Brûlé au second degré en allant prendre sa douche

Avant Monique d’autres mères de famille ont porté plainte… Isabelle, en avril 2019, après avoir constatée des hématomes sur le corps de sa fille et ne croyant pas un mot des excuses du foyer. "On m'a dit qu'elle s'était cognée contre des meubles", explique-t-elle à France Bleu Paris. 

Puis Hélène, en juillet 2018, pour “violences habituelles sur personnes vulnérables”. Arnaud, son fils de 45 ans, "a été brûlé au second degré en allant prendre sa douche. Il a eu une fracture de l'humérus en mai 2013. On s'est aperçu très tard qu'il avait le bras qui pendait" raconte-t-elle à nos confrères de France Bleu Paris. Depuis un an, Hélène garde son fils chez elle, le temps que l’enquête aboutisse. 

 

Contactée cet après-midi après l'annonce de l'ARS, la MAS n’a pas souhaité s'exprimer.