Jean-Michel Dubernard, pionnier des greffes de mains, est mort

Un proche du Pr Jean-Michel Dubernard a annoncé le 11 juillet la mort de ce médecin pionnier des greffes de mains et de visage.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Le Pr Jean-Michel Dubernard en 2004
Le Pr Jean-Michel Dubernard en 2004

Il était l'un des pionniers mondiaux de la transplantation. Le professeur lyonnais Jean-Michel Dubernard est décédé le 10 juillet à 80 ans. Ses greffes les plus marquantes restent celles d'une main sur un homme et d'un visage sur une patiente défigurée. 

"Ma seule motivation, c'est de faire avancer la médecine. Je le fais pour mes malades", confiait en 2005 au quotidien Le Monde ce chirurgien hors pair et urologue de formation.

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Une vocation ancienne

"J'avais à peine 11 ans quand j'ai eu la vocation après une opération de l'appendicite et l'annonce de la première transplantation de rein" (ndlr: à Boston aux Etats-Unis), expliquait au Monde ce bourreau de travail, grand amateur de rugby et de poésie à ses heures perdues. 

Docteur en médecine et en biologie humaine, formé également à la Harvard Medical School de Boston auprès du chirurgien américain Joseph Murray, Prix Nobel de médecine en 1990, Jean-Michel Dubernard - que ses proches surnommaient "Max" - avait réalisé avec succès la première transplantation européenne rein-pancréas en 1976. 

S'en étaient suivies la première greffe au monde d’une main, en septembre 1998, sur le Néo-zélandais Clint Hallam. Puis celle -bilatérale- des mains et avant-bras sur le Français Denis Chatelier en janvier 2000.

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Une réputation de pionnier

Cinq ans plus tard, à 64 ans, il frappait un nouveau grand coup planétaire en participant à la première greffe partielle du visage (le triangle formé par le nez et la bouche) sur la Française Isabelle Dinoire, défigurée par son chien.

"Isabelle avait la gueule arrachée. On ne pouvait pas la réparer. Il fallait l'aider, sinon nous n'aurions pas été des médecins", disait-il encore au Monde après cet exploit. En 2008, il reçoit le prix Medewar qui consacre les contributions exceptionnelles dans le domaine de la transplantation.

Sa réputation est telle que bien des années plus tard, un Islandais amputé des deux bras viendra, sur ses conseils, s'établir à Lyon pour bénéficier d'une greffe. Il sera finalement opéré en janvier, pour un nouveau succès de l'école lyonnaise de transplantation.

Une carrière à Lyon

Né à Lyon le 17 mai 1941, Jean-Michel Dubernard avait fait toute sa carrière médicale dans la capitale des Gaules où il avait occupé le poste de chef du service urologie et transplantations à l'hôpital Edouard Herriot (1987-2002).

Parallèlement professeur à l'université Claude Bernard Lyon I et chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, il est l'auteur de quelque 500 publications médicales internationales. 

Commissaire de la transparence à la HAS

Après un passage à la Haute Autorité de Santé (2008-2017), où il a dirigé la Commission de la transparence qui évalue les médicaments ayant obtenu leur autorisation de mise sur le marché, Jean-Michel Dubernard s'était retiré de la vie publique. 

Divorcé, il avait trois enfants. Il était chevalier de la Légion d'honneur, de l’ordre national du Mérite et des Palmes académiques.