Amputée en France, greffée aux Etats-Unis

Pourquoi une Française de 28 ans a-t-elle été contrainte de se rendre aux Etats-Unis pour une greffe des deux mains alors même que la France a été pionnière dans ce domaine ? Les réponses avec le Pr Laurent Lantiéri.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien avec le Pr Laurent Lantiéri, chirurgien plastique reconstructeur
Entretien avec le Pr Laurent Lantiéri, chirurgien plastique reconstructeur

Elle s'appelle Laura et est âgée de 28 ans. En 2007, à la suite à un choc septique d'origine gynécologique, cette jeune Française a dû être amputée des deux avant-bras, en dessous des coudes, et des deux jambes, en dessous des genoux.

Neuf ans plus tard, elle vient enfin de retrouver des mains. L'opération a eu lieu le 22 août à l'hôpital de Philadelphie et a été pratiquée par le professeur Scott Levin. Le chirurgien est déjà connu pour avoir réalisé en 2015 la greffe des deux mains de Zion, un petit garçon de 8 ans, handicapé lui aussi à cause d'une septicémie.

L'intervention qui a duré huit heures a mobilisé une quarantaine de personnes. Après plus d'un mois et demi d'hospitalisation, Laura est sortie de l'hôpital il y a quelques jours.

Inscrite en 2013 en France sur la liste d'attente des receveurs, Laura a appris en janvier dernier que l'Agence de biomédecine la retirait de cette liste. Un retrait qui relève d'un imbroglio administratif et non d'une décision médicale. Mais pour Laura, le coup a été rude car il signifiait qu'elle ne pourrait pas être greffée en France.

Celui qui aurait dû l'opérer à Paris, le Professeur Laurent Lantiéri, chef du service de chirurgie plastique reconstructrice de l'hôpital Georges Pompidou, l'a donc mise en contact avec l'équipe de Philadelphie. Le 21 août dernier, le professeur Lantiéri recevait un appel des Etats-Unis lui annonçant que les mains d'une donneuse compatible étaient disponibles pour Laura. Le médecin et sa patiente se sont rendus ensemble à Philadelphie.

En septembre 1998, la première greffe mondiale de main était réalisée à Lyon par le professeur Jean-Michel Dubernard. Un domaine dans lequel les équipes françaises ont été des pionnières. Dix-huit ans plus tard, Laura a pourtant dû s’exiler pour pouvoir profiter de cette technique.