La fatigue des conducteurs bientôt détectée dans leur salive ?

Lors du premier week-end de départs en vacances, des chercheurs ont effectué des tests salivaires sur deux aires d’autoroute. Le but : mesurer la fatigue des conducteurs.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Avant les vacances d’été, beaucoup de conducteurs sont dans un état de fatigue avancé.
Avant les vacances d’été, beaucoup de conducteurs sont dans un état de fatigue avancé.

C’est le début des vacances d’été, et plus d’un sera tenté de prendre le volant après une nuit trop courte pour gagner du temps. C'est ce constat qui a motivé des chercheurs des Hospices civils de Lyon (HCL) et la Fondation VINCI à réaliser une étude sur plusieurs aires d’autoroute. A l’aide de cotons-tiges, des chercheurs du HCL ont mesuré chez des conducteurs à l’arrêt le taux de cortisol et d’α-amylase, des capteurs dont la présence indique l’état de fatigue.

Les capteurs sont présents à des niveaux plus faibles dans la matinée après une privation de sommeil

Trente chercheurs se sont donc installés sur les aires de Saint-Rambert-d’Albon (Drôme) et de Montélimar (Drôme) le week-end du 29 juin. Le but : recueillir au moins 400 cotons-tiges. La période de l’année n’est pas choisie au hasard. Avant les vacances d’été en effet, beaucoup de personnes sont dans un état de fatigue avancé, sans forcément s’en rendre compte.

Une précédente étude menée par la Fondation  VINCI et le Centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu (CSHD) publiée en décembre avait révélé que le cortisol et l’α-amylase sont présents à des niveaux plus faibles dans la matinée (-37 % pour le cortisol) et dans l’après-midi (-15% pour l’α-amylase) après une privation de sommeil. L’étude portait sur des personnes jeunes et en bonne santé qui n’avaient dormi que trois heures par nuit. Après deux nuits consécutives, les chercheurs leur avaient prélevé des échantillons de salive, qu’ils avaient ensuite analysés à intervalles réguliers. Les personnes souffrant de manque de sommeil présentaient "une diminution de la sensation de calme et une augmentation des niveaux de tension". Leur fatigue ressentie était multipliée par trois, leur agressivité par deux, et leur situation de confusion par deux.

Entre 1996 et 2011, les Français ont perdu une heure de sommeil par jour

Les risques de somnolence et d’inattention au volant constituent près de la moitié des accidents mortels sur l’autoroute. Aussi, pour éviter la sensation de stress liée au manque de sommeil et limiter les risques d’accident, il est conseillé faire une nuit complète la veille du départ, de partir en journée, de faire des pauses toutes le deux heures pendant son trajet, de s’arrêter dès les premiers signes de fatigue, et de changer de conducteur si possible.

Ces conseils restent pourtant mal connus, et les effets de la fatigue au volant sont souvent sous-estimés. Une situation alarmante, quand on sait qu’entre 1996 et 2011, les Français ont perdu une heure de sommeil par jour, selon une étude financée par la Fondation Vinci Autoroutes. Les journées de travail se sont rallongées, et les écrans se sont invités dans la chambre à coucher. "Commercialiser un test salivaire permettrait aux conducteurs de se rendre compte de leur niveau de fatigue et de reporter leurs trajets, ce qui réduirait le nombre d’accidents", estimait Bernadette Moreau, déléguée générale de Vinci Autoroutes, en décembre dernier.