Première infection humaine au virus Usutu en France

Pour la première fois un cas humain d’infection au virus Usutu a été reporté dans l'Hexagone. Le virus, transmis par des moustiques, touche traditionnellement les oiseaux.

Maud Le Rest
Rédigé le , mis à jour le
Le moustique domestique ne peut pas transmettre le chikungunya ou Zika comme le moustique Aedes, ou le paludisme comme le moustique anophèle.
Le moustique domestique ne peut pas transmettre le chikungunya ou Zika comme le moustique Aedes, ou le paludisme comme le moustique anophèle.  —  © Alvesgaspar

On croyait la France protégée, et pourtant : en 2016, le virus Usutu, transmis par la piqûre du moustique Culex, a infecté un homme d’une trentaine d’années en Occitanie. Le patient, qui a été pris en charge par le service neurologie du CHU de Montpellier, présentait des symptômes atypiques. L'Inserm a donc étudié son cas, et découvert quelques mois plus tard qu'il avait contracté le fameux virus.

Une paralysie faciale et des problèmes de motricité

"Quand il est arrivé, il présentait une paralysie faciale périphérique : il avait des problèmes de motricité dans son côté droit, il ne pouvait pas bien fermer son œil, sa bouche tombait… Mais les fonctions supérieures n’étaient pas touchées" raconte le Dr Olivier Sillam, neurologue au CHU de Montpellier, qui a pris en charge le malade. "On l’a traité comme s’il s’agissait d’une paralysie faciale a frigore [la plus fréquente, NDLR] : le protocole veut qu’on lui administre des anti-inflammatoires" poursuit le neurologue. Aujourd’hui, le patient a très bien récupéré, même si "le traitement n’a probablement pas agi sur le virus", reconnaît le Dr Olivier Sillam. Et pour cause : Usutu étant extrêmement rare, il n’existe, à l’heure actuelle, pas de protocole de prise en charge.

Jusqu’à présent en effet, seuls 26 cas humains ont été recensés en Europe, note l'Inserm dans un communiqué. "Les malades peuvent développer des méningites ou des méningo-encéphalites", précise le Dr Sillam. Rassurez-vous néanmoins : le virus n’est pas transmissible d’homme à homme. Les oiseaux, pour leur part, ont davantage de soucis à se faire. Depuis la fin des années 1990, Usutsu est à l’origine de phénomènes de mortalité massive chez les volatiles, notamment en Italie, en Hongrie et en Espagne. Il touche principalement les merles noirs, les mésanges, les moineaux, les rouges-gorges et certains rapaces. Ceux-ci pourraient donc constituer le réservoir du virus, mais il n’existe pas d’études sur le sujet.

Usutu a été découvert en 1959 en Afrique du Sud. Il aurait commencé à circuler en Occitanie en 2015, porté par des oiseaux migrateurs eux-mêmes piqués par le moustique Culex. Cet insecte, connu sous le nom de "moustique domestique", est l’espèce la plus répandue en France. Il ne peut pas transmettre la dengue, le chikungunya ou Zika comme le moustique Aedes, ou le paludisme comme le moustique anophèle. Il est d’ailleurs plus grand : il mesure entre 5 et 7 mm de long. Contrairement aux idées reçues, il peut piquer le jour. Pour vous en protéger, évitez les eaux stagnantes et les mares, où les femelles pondent leurs œufs.