Guinée : les fièvres hémorragiques dues à plusieurs virus dont Ebola

Depuis le début de l'année 2014, la Guinée est frappée par des cas de fièvre hémorragique qui ont déjà fait une soixantaine de morts. Des analyses d'échantillons effectuées par l'Institut Pasteur de Lyon, en France, ont montré que des plusieurs cas de fièvre dans le Sud de la Guinée étaient dus au virus Ebola. Le 24 mars, six cas suspects - dont cinq ayant conduits au décès - ont été détectés au Liberia voisin, un autre ayant été rapporté au Canada.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Vidéo - Virus Ebola : pourquoi est-il dangereux ?
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Durant les 80 premiers jours de 2014, au moins 61 personnes sont mortes en Guinée de fièvre hémorragique.

Sur 45 échantillons sanguins prélevés sur des malades et des cas suspects du sud du pays, analysés par les instituts Pasteur de Lyon (France) et de Dakar, treize se sont révélés être des cas d'Ebola, selon les autorités sanitaires guinéennes. La nature des autres virus détectés n'a pas été précisée.

Les trois cas de fièvres hémorragiques survenus ces derniers jours dans la capitale ne sont pas associés à Ebola, selon le ministère guinéen de la Santé, se référant à des analyses de l'Institut Pasteur de Dakar. Le ministère a demandé aux populations de garder "calme et sérénité" car "la maladie reste circonscrite et sous contrôle".

Le gouvernement guinéen a décidé le traitement gratuit de tous les malades dans des centres d'isolement, le traitement spécifique des corps des malades décédés et le recensement de toutes les personnes qui ont eu des contacts directs avec les malades morts - en particulier le personnel médical - et ceux présentant des signes de fièvre, diarrhée, vomissement, fatigue prononcée et/ou saignement (voir encadré).

Des équipes de MSF et de l'OMS, déjà présentes en Guinée, vont être renforcées pour participer à la mise en place de ces mesures et distribuer des kits d'hygiène et de protection individuelle dans les zones touchées. MSF a une trentaine de personnes en Guinée, où sont aussi attendus des spécialistes des Instituts Pasteur de Dakar et Lyon.

Des cas suspects au Liberia, en Sierra Leone et au Canada

"Un adulte de sexe masculin qui a récemment voyagé en Afrique de l'Ouest est gravement malade dans un hôpital de Saskatoon (Ouest du Canada) avec une forte fièvre et d'autres symptômes", a indiqué dans la soirée du 24 mars 2014 le ministère de la Santé de la province canadienne de la Saskatchewan, dans un communiqué. Cet homme qui s'était déplacé pour son travail "revenait du Liberia", a ensuite précisé  Denise Werker, directrice adjointe de la direction provinciale de la santé. Dans la journée du 25 mars, les autorités sanitaires ont annoncé que l'agent pathogène responsable de l'infection n'était pas le virus Ebola.

Plus tôt, le ministre libérien de la Santé, Walter Gwenigale, avait indiqué dans un communiqué que "jusqu'à ce matin (lundi), six cas ont été détectés, dont cinq sont déjà morts : quatre femmes et un enfant de sexe masculin". Il a précisé que le sixième cas était une fillette, actuellement "sous traitement".

Ces personnes, dont les nationalités n'ont pas été précisées, étaient venues du sud de la Guinée pour se faire soigner dans des hôpitaux du nord du Liberia, dans la région de Lofa, près de la frontière, selon le ministre.

Ce sont "des gens qui sont venus à des funérailles en Guinée et qui sont retournés chez eux" au Liberia, dans une zone frontalière, a indiqué Marie-Christine Ferir, responsable des situations de crise de Médecins sans frontières (MSF), à l'AFP à Bruxelles. Il existe "des liens familiaux" dans cette région à cheval sur les deux pays, "les gens viennent assister à des funérailles d'un côté et malheureusement ils se contaminent sans le savoir et ils retournent chez eux après", a-t-elle dit.

Le 25 mars 2014, le ministère sierra-léonais de la Santé a annoncé que deux cas suspects de fièvre hémmoragique ont été enregistrés sur son territoire (limitrophe de la Guinée). Le virus en cause n'a pas encore été identifié.

Le Sénégal, la Côte d'Ivoire et le Mali ont annoncé avoir réactivé leur système de surveillance épidémiologique. "A ce jour, aucun cas suspect de fièvre hémorragique à virus d'Ebola n'a été signalé sur le territoire malien", a affirmé le gouvernement malien dans un communiqué.

En dépit des mesures de prévention prises, il y a des "risques réels de propagation" du virus Ebola en Côte d'Ivoire, car "la maladie peut facilement voyager", a affirmé à l'AFP à Abidjan Simplice Dagnan, directeur général de l'Institut ivoirien d'hygiène publique.

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Le virus Ebola provoque une fièvre hautement contagieuse, des vomissements et des diarrhées qui tuent dans la plupart des cas. Il se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets infectés mais aussi par le contact avec des animaux infectés.

Aucun traitement ne peut guérir cette fièvre. Seules des mesures préventives peuvent empêcher sa propagation, ce à quoi s'activent les autorités guinéennes, la Croix-Rouge locale et des organisations internationales spécialisés: OMS, Unicef, MSF-Belgique et MSF-Suisse.