Ebola : une épidémie hors de contrôle ?

Un "relâchement" de la mobilisation en Guinée, Sierra Leone et Libéria - les trois pays d'Afrique de l'Ouest touchés par le virus Ebola - a provoqué une deuxième vague d'épidémie, marquée par une augmentation très rapide du nombre de morts ces dernières semaines, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

L'épidémie de fièvre hémorragique avait été déclarée en Guinée le 21 mars 2014. Fin avril, dans ce pays et deux pays limitrophes (Sierra Leone et Libéria) on dénombrait 225 cas de fièvre hémorragique, en grande partie dus au virus Ebola. Le nombre de nouveaux cas déclarés chaque semaine allait alors en décroissant.

Pourtant, un mois et demi plus tard, environ 530 cas sont recensés. Pour Pierre Formenty, expert de l'OMS interrogé par l'Agence France Presse, "quand l'épidémie a démarré, elle a été un peu sous-estimée, ce qui fait que les Etats ont mis un certain temps à être vraiment prêts. Fin avril, on a commencé à voir diminuer le nombre de cas et là il y a peut-être eu un relâchement de l'ensemble des équipes dans les trois pays, et ce relâchement a fait que l'épidémie est repartie."

La majorité des cas sont des transmissions interhumaines, par contact, qui a notamment lieu lors des soins. Selon l'OMS, la maladie est ainsi diffusée par des malades qui vont jusqu'à Conakry (capitale de la République de Guinée) ou Monrovia (capitale du Libéria) pour se faire soigner.

La semaine dernière, une infirmière d'un hôpital de Monrovia est ainsi décédée après avoir contracté le virus. De nombreux patients ont alors fuit vers d'autres centres de santé de la région.

La contamination a également lieu lors des funérailles, car pour Ebola, "c'est surtout quand on décède que le virus est très présent sur l'ensemble du corps".

Ebola : apparition de nouveaux foyers

Dans un communiqué diffusé le 23 juin 2014, le Dr Bart Janssens, directeur des opérations de MSF, juge l'épidémie actuellement "hors de contrôle". "Avec l'apparition de nouveaux foyers en Guinée, en Sierra Léone et au Libéria, le risque d'une propagation à d'autres zones est aujourd'hui réel", alerte-t-il.

Le responsable de MSF avoue peiner à répondre aux nouveaux foyers qui nécessitent pourtant une prise en charge urgente.

"Nous avons atteint nos limites", déplore Dr Bart Janssens. "Malgré les moyens humains et matériels déployés par MSF dans les trois pays touchés, nous n'avons plus la capacité d'envoyer des équipes sur les nouveaux foyers actifs."

Problèmes de communication avec les populations

Selon Pierre Formenty, de l'OMS, "les populations qui sont affectées [n'ont parfois] pas été suffisamment écoutées", faisant état de "problèmes de communication [persistants]". Or, "le corps médical tout seul ne pourra pas arrêter cette épidémie, ce n'est qu'avec la population que nous pourrons lutter contre cette épidémie et l'arrêter."

Du côté de Médecins sans frontières, on constate également que "les actions de sensibilisation entreprises à ce jour n'ont pas permis de réduire la crainte de la population face à l'Ebola". "Les communautés continuent d'être effrayées par une maladie qui est totalement inconnue dans la région, et elles restent méfiantes à l'égard des structures de santé."

Un constat qui est également celui de l'OMS : "les mesures drastiques, qui ne sont pas prises sur d'autres types de pathologies comme la méningite ou la rougeole, ont été difficiles à faire comprendre par les populations", explique Pierre Formenty. "Sur un terrain où la qualité des services de santé n'est pas optimale, les populations ont mal compris qu'on leur demandait autant d'efforts et sans doute on n'a pas su expliquer à la fois la maladie et ces moyens de contrôle aux populations."

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Le virus Ebola provoque une fièvre hautement contagieuse, des vomissements et des diarrhées qui tuent dans la plupart des cas. Il se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus des sujets infectés mais aussi par le contact avec des animaux infectés.

Le 17 juin, on comptait 528 cas d'Ebola, à la fois confirmés, probables et suspects, dont 337 décès. Selon MSF, 60 foyers actifs de l'épidémie été identifiés dans les trois pays touchés. De 100 à 160 experts internationaux ont été mobilisés sur le terrain. A Conakry, le taux de mortalité est descendu à 40% des patients admis en hôpital.