L’Académie de médecine liste les séquelles du Covid-19

Le Covid-19 entraîne des séquelles physiques sur les organes ciblés par le virus, des symptômes persistants et des troubles psychologiques qui ne frappent pas que les malades, observe l’Académie de médecine.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Zigres

Fatigue, douleurs pulmonaires, anxiété… Le Covid-19 laisse des traces des semaines et des mois après son passage. Dans un avis rendu public le 15 juillet, l’Académie de médecine a dressé la liste des séquelles connues de la maladie.

Selon elle, les séquelles physiques se classent en deux catégories principales : d’une part "les séquelles des atteintes organiques survenues au cours de la phase aiguë" et d’autre part "les troubles mal étiquetés prolongeant la convalescence ou survenant à distance". Une troisième catégorie englobe les séquelles psychiques.

Poumons, cœur, cerveau et reins

Dans la catégorie des séquelles des atteintes organiques, l’Académie de médecine retient tout d’abord les atteintes respiratoires résiduelles puisque "le poumon est l’organe le plus fréquemment atteint à la phase aiguë de la maladie". Le plus souvent, l’atteinte se traduit par une fibrose pulmonaire interstitielle, conséquence de la détresse respiratoire aiguë, qui se caractérise par un déclin de la fonction respiratoire, une extension des lésions pulmonaires et une sensibilité accrue aux infections respiratoires.

Cette catégorie regroupe également les atteintes cardiaques, comme des myocardites inflammatoires, des infarctus du myocarde, des tachycardies ou des insuffisances cardiaques.
Des atteintes rénales comme la présence de protéines dans les urines (ou protéinurie) et l’insuffisance rénale aiguë figurent aussi dans cette liste.
Enfin, cette première catégorie englobe aussi les atteintes cérébrales liées au virus lui-même ou au manque d’oxygène et les sarcopénies causées par l’immobilisation en soins intensifs.

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Des symptômes persistants "mal étiquetés"

La deuxième catégorie concerne les troubles "mal étiquetés". En effet, "des malades apparemment sortis de l’épisode aigu nécessitaient une convalescence prolongée ou se plaignaient de nouveaux symptômes après une période de rémission" rappelle l’Académie de médecine. Ces troubles regroupent un malaise général, des douleurs musculaires, des douleurs articulaires, de la fatigue au moindre effort physique ou intellectuel, une perte de la mémoire et, parfois, des accès de tachycardie.
De nombreux patients témoignent ainsi de symptômes persistants. Au CHU de Rennes par exemple, les médecins estimaient en juin dernier que ces symptômes concernaient 10 à 15% des patients.

Patients, soignants et confinés souffrent de troubles psy

La dernière catégorie, celle des troubles psychiques, concerne les patients, les soignants et les victimes du confinement.
Les patients les plus à risque sont ceux qui sortent de réanimation et d’une longue convalescence mais même ceux qui ont guéri spontanément ont parfois besoin d’un soutien psychologique, avance l’Académie.
Chez les soignants, quelle que soit leur fonction, le contexte épidémique et la surcharge de travail a souvent entraîné une fatigue, de l’anxiété, une insomnie et un manque de sommeil.
Enfin, parmi les victimes du confinement, l’Académie observe plusieurs catégories plus à risque de séquelles psychologiques : "les enfants et jeunes adultes handicapés qui ont quitté leur institution d’accueil, les enfants privés d’école et de tout contact avec leurs camarades, les étudiants retournés chez leurs parents et dont les études ont été interrompues".

Vigilance, surveillance et réorganisation des hôpitaux

Mais comment prendre en charge toutes ces séquelles ? L’Académie de médecine émet plusieurs recommandations, "dans la limite de (ses) connaissances actuelles" :

  • reprendre une activité physique, dont la marche est la plus simple, dès que possible ;
  • une vigilance quant à la qualité fonctionnelle des organes les plus souvent atteints (cœur, cerveau, muscles et poumon) ;
  • une surveillance de l’évolution à long terme de ces séquelles en assemblant une cohorte de patients pour une étude longitudinale de plusieurs années ;
  • des mesures concernant l’organisation du travail dans les hôpitaux et les Ehpads (recrutement de personnels soignants ; augmentation des rémunérations), pour diminuer le risque de "burn out" et les tensions psychologiques liées à un travail excessif ;
  • aider les parents d’enfants handicapés qui, en cas de reconfinement, auraient à remplacer les institutions d’accueil.