Covid-19 : des enseignants demandent à décaler la date de la rentrée scolaire

A J-10 de la rentrée scolaire, les indicateurs de l’épidémie de Covid sont au rouge. Les enseignants s’interrogent sur la pertinence du protocole sanitaire défini en juin 2020, avant la recrudescence du nombre de cas en France.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Onze enfants ont présenté une brûlure du second degré et un enfant a dû recevoir une greffe de peau pour une brûlure au troisième degré à la fesse
Onze enfants ont présenté une brûlure du second degré et un enfant a dû recevoir une greffe de peau pour une brûlure au troisième degré à la fesse  —  Photo credit: Kathy Cassidy via VisualHunt / CC BY-NC-SA  

« La rentrée n’est pas normale, elle est hors norme. Elle demande donc de la préparation » estime Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU (première organisation syndicale des enseignants en école primaire).

Dans un entretien accordé FranceInfo le 20 août 2020, cette responsable syndicale confie qu’elle souhaite quelques jours de pré-rentrée supplémentaires avant d'accueillir les enfants : « C’est pour permettre aux enseignants de travailler collectivement sur cette rentrée qui s’annonce compliquée puisque la situation sanitaire a évolué au courant de l’été » précise-t-elle.

Un protocole daté ?

A J-10 de la rentrée (pré-rentrée des enseignants le 31 août, rentrée des élèves le 1er septembre), parents, enseignants, pédiatres s'inquiètent de la stratégie sanitaire face à la montée en puissance de l’épidémie. En effet, le protocole sanitaire dans les établissements scolaires a été élaboré fin juin 2020. Depuis, l’épidémie a évolué.

Le Pr Didier Lepelletier, coprésident du groupe de travail permanent Covid-19 du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) explique sur FranceInfo : « On a reçu une demande de la Direction générale de la santé (DGS) et du ministre de l'Education de rédiger fin juin un protocole pour la rentrée. On était dans une phase où on était en décroissance du virus, les patients sortaient de l'hôpital et donc on avait assoupli les premières règles de la première phase du déconfinement au mois de mai », poursuit-il.

« Des écoles qui ne se ressemblent pas »

Selon les règles établies à cette date-là, la distanciation physique pouvait ne plus être individuelle entre deux élèves d'une classe mais par groupe. Il fallait donc seulement gérer les flux. " Là, la situation n'est plus la même puisqu'il risque d'y avoir de la circulation au sein des regroupements. C'est là qu'est la difficulté entre le port du masque systématique à partir de 11 ans et la tentation d'abandonner cette distance physique d'un mètre, qui doit être associée et pas abandonnée » explique Didier Lepelletier.

Concernant un décalage de la rentrée scolaire, cet expert est partagé :  « La difficulté c'est qu'il n'y a pas une école qui ressemble à une autre et qu'on se heurte entre deux principes. D'abord, la sécurité sanitaire que les parents et les enseignants attendent, puisque le virus circule et que les voyants sont au rouge (…). De l'autre côté, il y a la capacité d'accueil maximale, puisqu'il faut que les enfants retournent à l'école. Il est impératif que l'enseignement pédagogique se tienne ». 

Comment appliquer les mesures barrières ?

Pour ce spécialiste, les mesures barrières (distance physique d'au moins un mètre, port du masque, lavage des mains) associées « à d'autres mesures très importantes que sont le nettoyage, la ventilation et l'aération des locaux, et la gestion des flux pour ne pas qu'il y ait des regroupements à l'entrée de la cantine ou pendant la récréation » sont « connues ». Selon lui, « ce qui va changer c'est l'application sur le terrain en tenant compte de l'évolution épidémiologique alarmante ». 

Le ministère de l'Education, sous pression des syndicats

Il ajoute : « Quand vous avez une classe de 30 ou 35 élèves, ce qui arrive couramment, vous ne pouvez pas dire que vous allez les mettre en télétravail ou faire des cours en ligne. C'est là que la discussion et l'inquiétude se manifestent ».

A J-10 de la rentrée, le ministère de l’Education est donc sous pression. A ce jour, il n’a pas évoqué un décalage de la rentrée. Sa conférence de presse de la rentrée est prévue le 26 août.