BPCO, maladies cardiaques : la peur du covid peut aussi tuer

Les malades chroniques sont hospitalisés dans des états plus sévères, avec un risque de décès plus élevé qu’avant la crise sanitaire. Ils évitent en effet l’hôpital le plus longtemps possible par peur d’y contracter le covid, selon une analyse.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le
BPCO, maladies cardiaques : la peur du covid peut aussi tuer
Crédits Photo : © Shutterstock / NeydtStock

Des patients chroniques plus lourdement atteints et davantage de décès. C’est ce que le docteur Joseph Alpert de l’université de médecine d’Arizona (États-Unis) a remarqué depuis le début du covid. Dans une analyse qu’il publie le 2 mars 2021 dans le Journal of American Medicine, il enjoint les patients souffrant de maladies chroniques à consulter pour ne pas retarder leur prise en charge.

Des patients "plus proches de la mort"

Car même si les patients hospitalisés sans covid semblent souffrir des mêmes affections qu’avant le covid, leurs caractéristiques ont changé. Qu’il s’agisse de troubles pulmonaires, comme la broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO) ou de troubles cardiaques, les patients hospitalisés sont "considérablement plus malades" et "plus proches de la mort" que par le passé, constate le docteur Alpert.

Par exemple, dans les services de médecine interne et de cardiologie où a travaillé ce médecin, un tiers des patients doit être hospitalisés ou recevoir des soins palliatifs à domicile. Avant l’épidémie de covid, aucun patient ou un patient seulement était dans cette situation à un moment donné.

Peur du covid et de moins bons soins

Pourquoi un tel changement ? Pour le docteur Alpert, la réponse est simple : "les patients évitent l’hôpital le plus longtemps possible parce qu’ils craignent d’y contracter le covid en plus de leur maladie chronique."

Et à cette peur s’en ajoute une autre : celle que le personnel hospitalier soit tellement occupé par les patients covid que les autres patients ne recevraient pas les soins adéquats.

Moins de consultations

Et c’est ce que confirment plusieurs études menées aux États-Unis et en Europe, qui révèlent que moins de patients souffrant d'un infarctus du myocarde ou d'un accident vasculaire cérébral (AVC) sont pris en charge les services d'urgence.

Ce qui n’est pas une bonne nouvelle : cela ne signifie pas qu’il y a moins d’infarctus ou d’AVC depuis le début de l’épidémie de covid, mais que les patients qui en souffrent consultent moins. Ils arrivent donc à l’hôpital à un stade plus avancé, avec un risque plus élevé de mourir.

Quatre fois plus de risque de mourir

Une étude internationale publiée en septembre dernier, également dans l’American Journal of Medicine, le montre bien. Elle porte sur 54.331 patients répartis dans 12 pays européens, dont la France et compte significativement moins d’admission dans les urgences et moins d’admission pour trouble cardiovasculaire qu’avant le covid. Conséquence directe de ce constat, elle compte aussi un risque de mourir dans les services d’urgence non covid quatre fois élevé qu’auparavant.

"La peur a pris le pas sur la pensée rationnelle"

Pourtant, selon le docteur Alpert, les hôpitaux ont pris de nombreuses dispositions contre le covid : distanciation physique, interdiction des visites, nettoyage constant, vaccination des soignants… Malgré cela, "il semble que la peur ait pris le pas sur la pensée rationnelle" déplore-t-il.

Pour y remédier, il appelle les médecins à communiquer au maximum avec leurs patients, et aux patients à continuer à "appeler les secours ou à demander à quelqu'un de (les) emmener au service d'urgence le plus proche" en cas de symptôme.