Consommation à risque d'alcool : aucun milieu professionnel n'est épargné

Parmi les femmes, celles qui occupent des fonctions de cadres sont les plus touchées par les risques liés à une consommation excessive d'alcool. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

"Contrairement aux idées reçues, tout le monde est touché, et pas seulement « les ouvriers dans l'industrie », pour le dire de manière un peu triviale", expose Guillaume Airagnes, psychiatre addictologue à l'hôpital Georges-Pompidou et doctorant à l'Inserm.

 

Employés de bureaux, cadres, ouvriers, artisans... Toutes ces catégories présentent des taux élevés de consommation à risque d'alcool (c'est-à-dire risquée pour la santé physique ou psychique de la personne, et ayant un impact sur sa vie personnelle), selon les données collectées auprès de la "cohorte Constances", vaste enquête de santé publique française qui suit 200.000 volontaires depuis 2013.

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Les données présentées ce 17 mai dressent un tableau inquiétant, et battent en brèche certains clichés. Ainsi, chez les femmes, ce sont les cadres qui présentent le plus haut pourcentage de consommation à risque d'alcool (11,7%), bien devant les ouvrières et artisans (8,6%).

L’exposition stressante au public est un facteur de risque

Si aucun secteur n’est épargné, ceux des secteurs de l'éducation, des services à la personne et du commerce, seraient particulièrement concernés. Les travailleurs y seraient exposés " quotidiennement au public dans le cadre de leur travail", note M. Airagnes. Les personnes confrontées "à ce type de risque psychosocial qu'est l'exposition stressante au public ont davantage de risque d'avoir des consommations d'alcool" plus élevées, explique le chercheur.

Chez les hommes, cela se traduit par une plus forte propension au "binge drinking" (beuverie express), et chez les femmes à une augmentation de leur consommation hebdomadaire d'alcool.

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Enfin, un usage dangereux de l'alcool multiplie le risque de perdre son emploi dans l'année, et ce "de 1,7 fois", selon cette étude. Ce risque concerne "même des gens qui sont en CDI", et qui ne présentent pas de signes visibles de dépendance, comme "quelqu'un qui arriverait ivre ou tremblotant au travail", avertit Guillaume Airagnes. Pour les personnes dépendantes, le risque de perdre son emploi dans l'année est alors quasiment triplé.`

avec AFP