Patients covid cherchent oxygène

L’oxygène est indispensable à la survie des patients atteints d’une forme grave du coronavirus. Dans les pays qui ont un accès insuffisant à cette ressource, le bilan du covid s’alourdit.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / AlteredR

Files d’attente devant les hôpitaux en Inde et au Venezuela, flambée des prix au Pérou, pénurie en République démocratique du Congo, marché noir au Brésil… L’oxygène, vital pour sauver les patients covid en détresse respiratoire, manque dans plusieurs pays. A l'échelle mondiale, la menace d’une pénurie plane depuis le début de la pandémie de covid-19.

Oxygène liquide ou gazeux

Mais quand on parle d’oxygène, de quoi parle-t-on ? L’oxygène utilisé comme traitement peut prendre deux formes.

Tout d’abord, l’oxygène dit médical est un élément clé des services de réanimation. Concentré à plus de 99,5%, c'est un médicament identifié par un numéro de lot unique et distribué dans les hôpitaux. Il peut être conditionné dans des bombonnes, sous forme liquide ou sous forme gazeuse.

L’oxygène liquide est la forme qui permet de répondre le plus efficacement à une hausse de la demande, car un litre d'oxygène liquide équivaut environ à 800 litres d'oxygène gazeux.

Plan B : les concentrateurs

Ensuite, l’oxygène peut aussi être produit par concentrateur, un équipement électrique qui extraie et purifie l'oxygène de l'air ambiant en temps réel. Il est concentré à 93% et peut alimenter des grandes entités, comme des hôpitaux.

Cet équipement est notamment utile dans les zones qui ne produisent pas localement d’oxygène liquide. Mais ils sont dimensionnés pour un besoin donné, et répondent donc difficilement à une hausse de la demande, comme dans le cas d’une flambée épidémique. Autre problème : ils consomment beaucoup d’énergie.

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Accès facile en Europe…

Si l’accès à l’oxygène est relativement facile en Europe et en Amérique du Nord, il est limité dans de nombreux pays en développement. En cause : son coût, des infrastructures limitées et des obstacles logistiques, explique Unitaid, l'organisation internationale hébergée par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), chargée de centraliser les achats de traitements.

Et l'un de ses principaux problèmes est qu'il est difficilement transportable sur de longues distances. Raison d’ailleurs pour laquelle il est davantage disponible dans les pays industrialisés, où sont situées les unités de production.

… Mais limité dans 20 pays

D’après Unitaid, l’accès à l’oxygène est complexe pour une vingtaine de pays situés en Amérique latine en Afrique, mais aussi l’Inde et l’Afghanistan. Dans ces pays, moins de la moitié des établissements hospitaliers disposent d'oxygène à tout moment.

Or en février 2021, l’OMS estimait que plus d’un demi-million de personnes avaient besoin de 1,2 million de bouteilles par jour dans ces pays à cause de l’épidémie de covid.

Un patient covid sur cinq a besoin d’oxygène

Pourquoi une telle demande ? Les patients covid en détresse respiratoire, hospitalisés ou à domicile, et dont le taux d’oxygène dans le sang chute dangereusement, doivent recevoir de l'oxygène. Selon l’OMS, un patient sur cinq souffrant de covid aura besoin d’oxygène.

Ce qui représente des besoins colossaux dans des pays comme l’Inde ou le Brésil, qui comptent des dizaines voire des centaines de milliers de nouveaux cas de covid par jour, et qui disposent initialement d’un accès restreint à l’oxygène.

Sans oxygène, pas de survie

Et que se passe-t-il si les patients qui ont besoin d’oxygène n’y ont pas accès ? Si un patient en détresse respiratoire ne reçoit pas d'oxygène extérieur, la proportion d’oxygène dans son sang diminue : c’est une désaturation du sang et le patient se trouve alors en hypoxie.

Les organes ne sont plus correctement oxygénés, ce qui provoque chez eux des dommages d’autant plus sérieux que l’hypoxie est prolongée. Dans les cas les plus sévères, l’hypoxie entraîne un coma, voire un décès par arrêt cardio-respiratoire si elle n’est pas prise en charge.

C’est précisément ce qui s'est passé en janvier 2021, au Brésil. Des dizaines de patients covid sont décédés dans les hôpitaux saturés de Manaus, faute d’oxygène.