Origines du covid : des scientifiques relancent l’hypothèse d’un accident de laboratoire

Une vingtaine de scientifiques signent une tribune qui appelle à enquêter plus sérieusement sur l’hypothèse d’un accident de laboratoire à Wuhan pour expliquer les origines de la pandémie de covid.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / arrowsmith2

"Faire plus de clarté sur les origines de cette pandémie." C’est l’appel que lancent 18 scientifiques dans une tribune intitulée "Enquêter sur les origines du covid-19" et publiée ce 14 mai dans la revue Science.

Ces scientifiques américains, canadiens et suisses relancent l’hypothèse d’un accident à l’Institut de virologie de Wuhan (WIV) pour expliquer l’émergence du coronavirus SARS-CoV-2. Pour eux, cette proposition doit être examinée au même titre que l’hypothèse d’une "propagation zoonotique" naturelle, c’est-à-dire le passage du virus d’une espèce animale à l’espèce humaine.

Trois recherches déterminantes sur Twitter

"Hasard" du calendrier, cette tribune est publiée quelques heures après qu’un scientifique anonyme a divulgué sur Twitter trois travaux universitaires menés entre 2014 et 2019 au WIV. Il s’agit de deux mémoires et d’une thèse, jusqu’ici restés dans les archives, mais qui contiennent des informations importantes.

Ils "remettent en cause certaines données tenues pour acquises par la communauté scientifique internationale sur le nombre et la nature des coronavirus conservés par le WIV, sur les expériences conduites sur ces virus et même sur l’intégrité des séquences génétiques virales publiées ces derniers mois par l’institution de recherche de Wuhan", selon des informations du Monde.

Une hypothèse balayée par l’OMS

Pourtant, dans les conclusions de son rapport sur l’origine du virus, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) n’a pas retenu cette hypothèse qu’elle a même jugé "extrêmement improbable", quand celle d’une dissémination zoonotique était considérée "probable à très probable".

Deux théories qui n’ont, selon les signataires de la tribune, "pas été considérées de manière équilibrée". Ils déplorent notamment que "seules quatre des 313 pages du rapport et de ses annexes abordent la possibilité d'un accident de laboratoire".

Une hypothèse à "prendre au sérieux"

Pour ces scientifiques, "il est nécessaire et possible de faire plus de clarté sur les origines de cette pandémie". Il faut désormais "prendre au sérieux" cette hypothèse jusqu’à récolter suffisamment de données.

"Une enquête digne de ce nom doit être transparente, objective, fondée sur des données, faire appel à une large expertise, faire l'objet d'une surveillance indépendante et être gérée de manière responsable afin de minimiser l'impact des conflits d'intérêts" poursuivent les signataires.

Mais attention, même si la preuve d’un accident de laboratoire était finalement apportée, il ne s’agirait pas forcément d’une fuite intentionnelle, comme l’avaient soutenu plusieurs théories complotistes.

Anticiper les épidémies futures

"Des recherches supplémentaires" sont donc "encore nécessaires pour déterminer l'origine de la pandémie" insistent les signataires de la tribune.

Des recherches qui permettront de comprendre le passé mais aussi de mieux anticiper l’avenir, car "il est essentiel de savoir comment le covid-19 a émergé pour élaborer des stratégies mondiales visant à atténuer le risque d'épidémies futures" précisent encore les scientifiques.