Dispositifs anti-covid : attention aux arnaques !

La France se déconfine peu à peu, la stratégie choisie est maintenant de vivre avec le virus. Depuis quelques temps, l’apparition de dispositifs technologiques dit "anti-covid" se répand de plus en plus. Si la promesse est alléchante, l’efficacité de ces dispositifs est loin d’être prouvée. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Tunnels ou sas de décontamination, lampes à ultra-violets et purificateurs d'air devraient permettre de rouvrir les lieux accueillant du public même si le virus circule encore. Un tunel de désinfection, vendu comme super exterminateur de virus, est promu sur une vidéo par le président du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux. Le principe de ce tunnel est de détruire, en un seul passage, les éventuelles traces du SARS-COV2 que vous pourriez transporter.  

Une épidémie propice aux arnaques 

Il existe réellement une mode anti-Covid, mais attention au marketing voire aux arnaques. Les scientifiques sont tous d’accord pour dire que ce tunnel est un gadget. Purificateurs d’air à l’école, armoires désinfectantes à la crèche et boîte à rayons UV à l’hôtel de ville, si la mairie de Cannes n'est pas devenue accro à ces innovations, elle mise pourtant tout dessus.

Dans une des crèches municipales, 80 enfants sont accueillis chaque jour, les jouets sont donc partagés. Ils sont entièrement désinfectés grâce à une armoire testée dans l’établissement depuis un mois.  

"En fait c’est un traitement par l’air, explique Audrey Gunther, directrice du multi-accueil "P’tits mousses" à Cannes. Cet air circule dans la machine. Il y a une lampe à l'intérieur, un traitement UV qui désinfecte.

C’est un gain de temps énorme pour le nettoyage forcément, ça nous permet de nettoyer de gros volumes et aussi du matériel qui ne passait pas avant au nettoyage et qui devait être mis en quarantaine comme le bois, les livres et la feutrine".

Un virus exterminé en 45 minutes 

À l’hôtel de ville, une boîte à rayons UV serait aussi capable de faire disparaître le virus en 3 minutes et parfois même en 30 secondes.  

"Cette machine, et la mairie en a fait l’acquisition d’une centaine, permet de désinfecter des petits matériels comme par exemple des clés ou un masque dans les écoles précise Thierry Ozon, directeur général des services techniques à la mairie de Cannes. Si un parent a oublié de donner plusieurs masques à l’enfant, le directeur peut le désinfecter.

L’objectif de la mairie est de sécuriser les populations et d'accélérer le retour à la vie normale, donc tous les objets qui peuvent aller dans ce sens là nous sont utiles. Ce matériel en ce sens permet de désinfecter les petits matériels que tout le monde peut toucher. Cela nous semble extrêmement profitable pour limiter la propagation manuportée du virus."

La ville de Cannes s’attaque à tous les modes de transmission du virus. Dans une école primaire, le système de ventilation existant possède un filtre supplémentaire. Un purificateur d’air testé depuis quelques semaines.

"L’air est filtré par des micro-filtres qui se trouvent dans l’appareil et une lampe UV qui finit de tuer les germes et les microbes qui seraient susceptibles d'être dans l'air, explique Bruno Evesque, responsable du service énergie à la mairie de Cannes.

En premier lieu l’aération naturelle des locaux est privilégiée, en deuxième lieu on a mis quelques détecteurs CO2 pour voir si dans certaines pièces on avait des taux anormaux de CO2 et si c’est le cas et qu’on n’arrive pas à aérer parce qu’il n’y a pas de fenêtre ou pas assez, on met un purificateur d’air sur la centrale à traitement d’air qui permet d’avoir un air sain." 

Le coût total de ces dispositifs est de 150 000 euros. C'est un investissement pour tenter de vivre, au mieux, avec le virus. 

Que dit la science sur l'efficacité des dispositifs ? 

Cela coûte de l’argent et la municipalité et ses employés semblent conquis mais la ville de Cannes a décidé de s’attaquer à deux formes de transmission du virus : par les surfaces et par les aérosols, dans l’air.  

Selon le docteur Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré, "Il y a ce côté dans l'inconscient collectif que lorsqu'on va désinfecter des surfaces on va en quelque sorte stériliser le matériel, comme on le ferait au bloc opératoire. Ça rassure à tort les gens et c’est contre-productif parce que c’est de la poudre aux yeux, ça signifierait qu’on a trouvé une solution pour se protéger alors qu’on ne l’est pas. Le problème c’est que le mode prédominant de la transmission de la maladie est essentiellement les gouttelettes aériennes c’est-à-dire par voie respiratoire".

Le risque de transmission par les surfaces n’est donc pas inexistant mais très faible comparé à une transmission aérienne… Les études sont nombreuses à soutenir cette théorie.  

Le docteur Davido explique que lors de l'infection, il faudrait une très forte charge virale, tousser sur un objet, que quelqu'un le touche, dans les minutes qui suivent puis que la personne mette ses mains à la bouche ou dans ses yeux pour qu’il y ait un risque… C’est possible mais cela fait quand même beaucoup.

Il faut donc continuer de se laver les mains et porter le masque surtout.

Les purificateurs d’air sont-ils une bonne idée ? 

Le vrai risque est la transmission aérienne, il faut être prudent. À Cannes, ils optent pour la bonne stratégie, leur premier réflexe est d’aérer avant même d’utiliser le purificateur d’air.  

Une étude, commandée par la région Auvergne-Rhônes-Alpes, a été menée par le laboratoire VirPath à Lyon. Elle a démontré une efficacité de 99,9% de certains de ces appareils.

Le Docteur Benjamin Davido appelle à la vigilance : "Ça peut être intéressant, explique t-il mais il faut faire attention on ne sait pas si pour une pièce comme le bureau il faut deux, trois, quatre appareils. Est-ce que je peux recevoir quatre personnes ? Six personnes ? Ou que deux ? Cela va dépendre de la quantité de particules qui vont être en suspension. C’est la différence entre la vraie vie et les données in vitro au laboratoire où on ne prend pas en compte ces éléments."

Tous ces dispositifs peuvent servir certes, mais ils servent surtout à rassurer. La meilleure protection reste le respect des gestes barrières. Il n’y a pas de secret, c’est eux et la vaccination qui vous permettront de vaincre cette épidémie.