Un seul test sanguin précoce pour identifier le risque d'infarctus ?

Un patient arrive aux Urgences avec une douleur thoracique. Comment savoir s'il a un risque faible ou élevé de faire, dans les heures qui suivent, un infarctus ? D’après une étude publiée dans The Lancet, un seul test sanguin précoce suffirait à évaluer ce risque. Et donc à mieux prendre en charge les patients.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Une douleur thoracique oppressante et violente qui irradie jusque dans le bras, le dos ou la mâchoire : c’est peut-être un infarctus.

Aux Urgences, les médecins procèdent à des examens cliniques - ils effectuent rapidement un électrocardiogramme et des analyses de sang pour trouver un marqueur biologique de l'infarctus : la troponine.

"Quand il y a un infarctus qui se prépare, on retrouve dans le sang une grande quantité de troponine", explique Patrick Ray, chef du service des urgences de l’hôpital Tenon, à Paris. "Grâce à un test sanguin de haute sensibilité, on peut détecter de très petites quantités de troponine, et on peut donc faire un diagnostic de confirmation ou d’exclusion de la maladie cardiaque."

Aujourd'hui, les médecins effectuent souvent deux à trois dosages de troponine à plusieurs heures d'intervalle avant de poser le diagnostic. 

Les signes de l'infarctus du myocarde

La douleur thoracique représente la manifestation typique de l'infarctus du myocarde. Elle peut survenir dans la poitrine, la mâchoire, l'épaule, le bras, le cou ou le dos. Elle apparaît brutalement et ne disparaît pas au repos. La douleur peut se prolonger quelques minutes ou quelques heures. Elle provoque la sensation de recevoir un poids ou une barre dans la poitrine et peut ressembler à un pincement ou une forte pression. Son intensité varie d'un degré minime à une violente douleur.

Les autres symptômes :

- Difficultés respiratoires
- Sensation d'angoisse et d'oppression
- Température un peu élevée
- Nausées, vomissements
- Forte transpiration

Un seul dosage de troponine

Dans l’étude publiée jeudi 8 octobre 2015 par la revue scientifique The Lancet et menée sur 6.000 patients au Royaume-Uni, les chercheurs ont montré que si, dès le premier dosage, les patients ont un taux de troponine très faible (inférieur à 5 ng/L - nanogramme par litre), ils courent peu de risque de faire un infarctus dans le mois suivant.

Un taux inférieur à ce chiffre a, selon les chercheurs, permis d'identifier près des deux tiers des patients "à très faible risque et qui auraient pu sortir rapidement de l'hôpital en toute sécurité" avec une "valeur prédictive négative" (probabilité de ne pas souffrir d'une maladie en cas de test négatif) de 99,6%. Cette probabilité subsiste indépendamment de l'âge, du sexe, ou du risque cardiovasculaire.

Les urgentistes voient beaucoup de patients présentant des douleurs thoraciques, qui représentent près de 5% des motifs de consultation aux Urgences. Poser un diagnostic précoce permettrait donc aussi de désengorger les Urgences.

Etude source : "High-sensitivity cardiac troponin I at presentation in patients with suspected acute coronary syndrome: a cohort study", The Lancet, Published Online October 8, 2015, DOI: http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(15)00391-8