Comment votre mental peut-il guérir votre santé cardiaque ?

Depuis longtemps, la médecine s'intéresse aux méfaits du stress pour la santé. Des découvertes récentes montrent qu'à l'inverse, le mental peut avoir un effet bénéfique sur toutes sortes de maladies et qu'il pourrait bien guérir notre coeur. Le Dr Laurent Uzan, cardiologue médecin du sport, nous dresse un état des lieux.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
"La dépression : un mauvais moral... et un mauvais coeur", chronique du Dr Laurent Uzan, cardiologue médecin du sport, du 18 mars 2019
"La dépression : un mauvais moral... et un mauvais coeur", chronique du Dr Laurent Uzan, cardiologue médecin du sport, du 18 mars 2019

Notre esprit peut rendre malade ou bien guérir notre coeur. On ne parle pas des symptômes psychosomatiques avec ces différentes douleurs liées au stress mais la dépression par exemple, cet état qui induit une apathie, une tristesse, augmente le risque de faire un infarctus du myocarde.

Incidence de la déprime sur les accidents cardiaques

Des recherches menées auprès des services d'urgences ont démontré une multiplication par trois de la mortalité chez les patients dépressifs hospitalisés après un infarctus par rapport aux sujets non dépressifs. D'autres études avaient permis de montrer que chez des sujets sains qui décèdent par infarctus, ils ont quasiment quadruplé chez les victimes de dépression.

Évidemment, le risque est plus important dans le groupe des malades. Cependant, à la lumière des résultats, il apparaît que des dépressions même mineures augmenteraient le risque de mort prématurée dans les deux groupes.  

Des explications simples

Il y a deux versants dans ces explications avec les aspects physiologiques directs et les aspects indirects. De façon directe, la dépression augmente le risque de coagulation en détériorant la fonction des plaquettes sanguines. D'autre part en augmentant le taux de cortisol, en diminuant la résistance à l'insuline et en produisant plus de stéroïdes, la pression artérielle augmente et l'accumulation de plaques dans les artères est plus importante.

Les aspects indirects sont tous des facteurs comportementaux. Les sujets dépressifs sont plus enclins à adopter des styles de vie moins sains : tabagisme plus important, consommation d'alcool, manque d'exercice, mauvais suivi du traitement par exemple.

Le bonheur est-il un gage de bonne santé cardiaque ?

Les scientifiques ont constaté que ce qu'ils appellent une interaction conjugale positive réduisait le risque de maladies. A contrario, l'augmentation du risque cardiaque était de 8,5% en cas d'interactions négatives au sein du couple marié. Autre exemple, des chercheurs ont suivi pendant une dizaine d'années les dossiers de frères et soeurs qui avaient souffert d'affections cardiaques. Il apparaît que les facteurs psychologiques de "positivité" des participants sont associés à une réduction d'un tiers des incidents coronariens, et elle peut même atteindre les 50%.

Les chercheurs américains ont ensuite validé leurs premiers résultats sur un groupe de près de 6.000 personnes. Une nouvelle fois, une association avec le caractère protecteur d'un "tempérament heureux" a été retrouvée avec une réduction de 13% de l'incidence des accidents cardiovasculaires. Le sentiment d'être heureux procure donc un bien-être bon pour la santé. Il diminuerait le risque d'hypertension artérielle et de cholestérol par exemple.

Les chercheurs ont également noté que les personnes optimistes étudiées avaient un mode de vie équilibré, elles faisaient de l'exercice et avaient une alimentation équilibrée.

Les bienfaits de la méditation

La pratique de la méditation remonte à plus de 5.000 ans. Elle est associée aux philosophies et religions orientales. Elle est de plus en plus pratiquée en Occident. Dans l'ensemble, les études sur la méditation suggèrent un bienfait potentiel pour le risque cardiovasculaire, bien que la qualité et, dans certains cas, la quantité des données soient modestes. Ses effets sont clairs en ce qui concerne la réponse physiologique au stress, la désaccoutumance au tabac, la réduction de la pression artérielle.

Étant donné les faibles coûts et les faibles risques de cette intervention, la méditation peut être considérée comme un complément aux directives existantes par ceux qui souhaitent modifier leur mode de vie et comme dirait le grand philosophe, Bobby McFerrin : "Don't worry, be happy".