Pesticides : la justice reconnaît l’origine professionnelle d’un cas de maladie de Parkinson

Marcel Geslin, ancien employé arboricole, est mort l’an dernier. Employé pendant 37 ans à Loiré dans le Maine-et-Loire, il était préposé à l’entretien de vergers traités avec des produits phytosanitaires.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Les agriculteurs français pourront écouler leurs stocks de Basta F1 jusqu'en juillet 2018.
Les agriculteurs français pourront écouler leurs stocks de Basta F1 jusqu'en juillet 2018.  —  Photo © Sauletas - Fotolia

"Nous souhaitons que cette victoire contribue à faire évoluer la législation sur les maladies professionnelles liées aux produits phytosanitaires, afin que ce qui est arrivé à mon frère n'arrive plus." Le 11 mars, le Tribunal des affaires de sécurité sociale (Tass) du Maine-et-Loire a jugé que la maladie de Parkinson de l’ancien employé arboricole Marcel Geslin était due à son exposition à des produits phytosanitaires. Pour son frère et tuteur Michel Geslin, c’est un premier pas vers une meilleure reconnaissance du caractère toxique des pesticides.

Deux refus de reconnaissance en 2017 et 2018

Marcel Geslin, décédé l’année dernière à l’âge de 74 ans, a été préposé à l’entretien des vergers dans une entreprise arboricole de Loiré pendant 37 ans. "Il ne manipulait pas lui-même les produits phytosanitaires. Mais comme tous les employés à l’époque, il travaillait dans les rangs pendant et après les traitements", rapporte son frère. Dès 2008, après le départ en retraite de Marcel, on lui diagnostique des troubles "de type Alzheimer". Ceux-ci sont requalifiés en "maladie de Parkinson" quelques années plus tard, et une demande de reconnaissance en maladie professionnelle provoquée par les pesticides est ouverte.

Cette reconnaissance est refusée une première fois en 2017. "Le certificat initial de son médecin traitant n'avait fait mention que de « troubles de mémoire ». Alors même que la MSA [Mutualité sociale agricole, ndlr] disposait de tous les avis des spécialistes", se souvient Michel Geslin. Elle est de nouveau refusée en 2018 pour des questions de délai d’instruction.

"Les organismes de protection sociale agricole préfèrent laisser filer"

C’est l’avis du Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles de Bretagne, préalable à la décision du Tass du Maine-et-Loire, qui se révèle décisif. "C’est un cas emblématique, car il montre que les organismes de protection sociale agricole, bien que parfaitement informés, préfèrent laisser filer. Pour qui veut faire reconnaître sa maladie, c’est un parcours du combattant", assure Michel Besnard, porte-parole du Collectif de soutien aux victimes des pesticides de l’Ouest. Celui-ci revendique 14 reconnaissances auprès des Tass de la région depuis sa création il y a quatre ans.

A l’échelle nationale, il n’existe aucune donnée statistique publique sur les maladies professionnelles liées aux produits phytosanitaires. Mais selon Patrice Heurtaut, directeur de la santé-sécurité au travail de la MSA, elles représentent "2% des maladies professionnelles déclarées au titre du régime agricole". Phytovictimes, une association d’aides aux victimes professionnelles, a recensé de son côté 429 dossiers depuis sa création en 2011, dont 92 pour des maladies de Parkinson.