L'UE propose de renouveler la licence du glyphosate pour dix ans

Herbicide classé "cancérigène probable" par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), le glyphosate devrait pourtant être autorisé 10 ans de plus en Europe. C’est le sens d’une proposition de la Commission européenne, qui estime que cette substance est sans danger.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Les agriculteurs français pourront écouler leurs stocks de Basta F1 jusqu'en juillet 2018.
Les agriculteurs français pourront écouler leurs stocks de Basta F1 jusqu'en juillet 2018.  —  Photo © Sauletas - Fotolia

La Commission européenne a décidé de proposer un renouvellement de la licence du glyphosate, herbicide controversé, pour 10 ans dans l'UE, au cours d'une réunion d'experts mercredi et jeudi. Dans sa nouvelle proposition publiée mercredi, la Commission estime que "d'un point de vue de la gestion des risques, il est approprié de donner le renouvellement de l'autorisation du glyphosate pour 10 ans". Le vote du comité d'experts chargé du dossier est attendu en septembre ou en octobre.

Classé "cancérigène probable" par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ, OMS), cet herbicide est le plus utilisé dans l'UE. L'Efsa, l'Agence européenne de sécurité des aliments, juge elle le risque cancérigène "improbable".

L'utilisation du glyphosate est de plus en plus controversée dans l'UE. La Commission n'avait pas réussi à convaincre les Etats membres de renouveler la licence de l'herbicide, qui arrivait à expiration à l'été 2016. Bruxelles avait alors décidé de la prolonger de 18 mois, jusqu'à fin 2017, dans l'attente de l'avis scientifique de l'ECHA et de l'EFSA, rendu au printemps.

Mardi soir le ministre français de l'Environnement Nicolas Hulot a assuré que son pays serait "ferme" sur le sujet. Il y a un an, une majorité de pays avaient accepté la proposition de la Commission de renouveler la licence du produit, mais sans la majorité qualifiée requise. La France et Malte avaient voté contre et sept pays s'étaient abstenus, dont l'Allemagne et l'Italie, bloquant la décision.

"Il n’y a pas de raisons de classer cette substance comme cancérogène"

Le commissaire européen à la santé Vytenis Andriukaitis avait expliqué lundi vouloir "mettre un terme à la controverse scientifique" au moment de rouvrir la procédure visant à renouveler l'homologation de la substance herbicide avant la fin de l'année.

"Deux agences de l'UE, l'ECHA (sur les produits chimiques, ndlr) et l'EFSA (sur la sécurité des aliments) ont confirmé qu'il n'y avait pas de raisons de classer cette substance comme cancérogène", avait souligné M. Andriukaitis dans un court message en amont de la réunion. "Sur cette base, je n'ai aucun doute que cette substance est sans danger et la Commission va proposer de renouveler son homologation pour 10 ans", avait-il poursuivi.

Le message est clair: après avoir échoué à obtenir une position tranchée de la part des Etats membres, représentés chacun par un expert au sein d'un comité technique, la Commission souhaite voir se dégager une majorité qualifiée, dans un sens ou un autre. "La Commission n'a aucune intention d'approuver de nouveau cette substance sans le soutien d'une majorité qualifiée d'Etats membres. Cela est et restera une responsabilité partagée", avait martelé le commissaire.

Une manifestation contre le glyphosate s'est tenue mercredi devant la Commission européenne à Bruxelles, quelques dizaines d'opposants s'attelant à faire tomber un flacon géant de glyphosate à la manière d'une statue de dictateur. "Les deux agences européennes se basent sur des études données par l'industrie", a dénoncé lors de cette mobilisation Julie Deruy, chargée de campagne pour le collectif Avaaz qui a rejoint l'initiative européenne citoyenne "Stop Glyphosate".

Avec AFP