Le cancer du sein qui survient entre deux mammo

Rester vigilant même entre deux dépistages du cancer du sein. C'est le message de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (SFSPM). Près de 20 % des cancers, parfois plus agressifs, peuvent en effet survenir dans l'intervalle entre deux dépistages organisés. La SFSPM recommande donc aux femmes ayant des facteurs de risques plus élevés de consulter leur médecin traitant ou leur gynécologue entre deux examens.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Le cancer du sein qui survient entre deux mammo

On pourrait appeler cela les limites du dépistage organisé du cancer du sein. Depuis 2004 en France, le dépistage organisé du cancer du sein prévoit une mammographie tous les deux ans, aux  femmes de 50 à 74 ans.  Un outil de prévention efficace car détecté à un stade précoce, la survie à 5 ans d'un cancer du sein est supérieure à 90 %.  En 2011, plus de 2,4 millions de femmes ont eu recours au dépistage organisé, soit près de 53 % de l'ensemble des femmes âgées de 50 à 74 ans.

Sauf que parfois, un cancer peut survenir dans cet intervalle. "Un cancer de l'intervalle survient dans les 24 mois après un dépistage jugé normal ou bénin", a expliqué lors d'un point de presse le Dr Brigitte Séradour, organisatrice d'un forum sur ce thème.

Aucun chiffre global n'existe sur le sujet, mais selon les registres des cancers établis par cinq départements entre 2002 et 2005, 15 femmes sur 10 000 environ ont eu un "cancer de l'intervalle", contre 65 femmes sur 10 000 qui ont eu un cancer dépisté lors de l'examen de dépistage à deux ans d'intervalle, soit un taux de "cancer de l'intervalle" de plus de 18 % chez les femmes dépistées.

Deux enquêtes non exhaustives conduites par l'Association des médecins coordonnateurs du dépistage des cancers (ACORDE) dans 50 départements ont fait apparaître des résultats largement similaires, selon le Dr Séradour : 11,9 % de cancers de l'intervalle répertoriés, avec des tumeurs globalement plus importantes et plus invasives que dans les cancers dépistés.

"Mais, même si ces cancers ont un pronostic plus défavorable, ils restent de meilleur pronostic que les cancers découverts chez les femmes refusant de participer au dépistage", a noté le Dr Seradour.

Selon diverses études, la majorité des cancers d'intervalle est d'apparition récente (54 à 60 %), le reste étant constitué de tumeurs qui n'ont pas été vues ou qui ont été jugées à tort bénignes. Un tiers des cas surviennent la première année après le dépistage et les deux autres tiers entre 12 et 24 mois.

Mais pour le Dr Séradour, "le dépistage tous les deux ans reste raisonnable. A vouloir trop réduire les cancers de l'intervalle, on risque d'augmenter le surdiagnostic et la multiplication des bilans". Sachant que l'inconvénient du surdiagnostic est d'aboutir parfois à la détection d'anomalies qui se révèleront finalement bénignes (les faux positifs).

Aussi, la vigilance est-elle particulièrement conseillée aux femmes à haut facteurs de risque de cancers du sein : celles qui ont des antécédents familiaux, des traitements hormonaux et une densité mammaire radiologique plus élevée.

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