Cancer du sein : « Le dépistage reste indispensable » selon l'INCa

La polémique autour du dépistage organisé du cancer du sein a été relancée il y a quelques mois. En cause, le risque de surdiagnostic. Pr Norbert Ifrah, président de l’Institut national du cancer (INCa), a répondu à nos questions.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Un collectif d’associations a reproché à l’Inca de « mésinformer » les femmes sur le dépistage du cancer du sein. Que vous reproche-t-on exactement ?

Pr Norbert Ifrah, Président de l'INCa : "On nous reproche de promouvoir le dépistage organisé du cancer du sein. Le principal argument est celui du surdiagnostic, c’est-à-dire de tumeurs qui n’évolueraient pas. Il est discuté aussi l’existence de cancers « de l’intervalle », c’est-à-dire qui se développent entre deux mammographies, éloignées de deux ans et on met en avant aussi un risque d’irradiation correspondant aux mammographies."

Le surdiagnostic est-il réellement un danger pour les femmes ?

Pr Norbert Ifrah, Président de l'INCa : "Il faut rappeler qu’il y a 58.000 nouveaux cas de cancers du sein par an en France et 12.000 femmes décèdent chaque année dans notre pays. Le dépistage tel que nous l’organisons, entre 50 et 74 ans, repère tous les cancers, y  compris un petit pourcentage de cancers qui n’évolueraient pas. Mais aujourd’hui, il n’existe pas de moyens de repérer parmi ces « petits cancers du sein », les 80% qui vont évoluer et devenir métastatiques et les 10 ou 20% qui ne vont pas évoluer. C’est un énorme sujet de recherche, mais aujourd’hui, personne ne sait prédire cette évolution."

Le dépistage reste-t-il indispensable ?

Pr Norbert Ifrah, Président de l'INCa : "Oui, il est indispensable parce que lorsqu’un cancer du sein est repéré par mammographie de dépistage, la femme a 99 chances sur 100 d’être vivante ou en rémission 5 ans plus tard alors que si ce cancer est diagnostiqué au stade métastatique, c’est 26 chances sur 100. La balance entre ce qu’on appelle le surdiagnostic et le risque mortel ou risque d’une chirurgie majeure que l’on évite à la femme est incomparable. Lorsqu’une tumeur est découverte au cours de ce dépistage organisé, une femme sur trois « seulement » sera soumise à la chimiothérapie contre plus d’une deux si c’est un diagnostic par d’autres moyens. Ça n’est pas rien !