"On n'a pas le droit d'attaquer l'IVG. C'est sacré"

Le Pr Philippe Deruelle, Secrétaire général au Collège national des gynécologues et obstétriciens, qualifie le chantage à l’IVG du Syngof "d’indigne".

Maud Le Rest
Rédigé le , mis à jour le
"On n'a pas le droit d'attaquer l'IVG. C'est sacré"

"On n’a pas le droit d’attaquer l’IVG. C’est sacré. Ca représente tellement pour les droits des femmes. Même en pensée, on n’a pas le droit de dire qu’on fera la grève des IVG." Les réactions à chaud du Pr Philippe Deruelle, Secrétaire général obstétrique au Collège national des gynécologues et obstétriciens français, tombent comme un couperet.

"Des femmes se battent pour obtenir ou faire valoir ce droit"

Il réagit ainsi au mail envoyé à tous les membres du Syndicat des gynécologues et obstétriciens français (Syngof) le 12 mars. Le message demandait aux adhérents de se "préparer à ce que le syndicat leur donne l'ordre d'arrêter les IVG si la ministre de la Santé refuse de les recevoir". Pourquoi cet avertissement ? Le Syngof réclame que le plafond du fonds de garantie de la profession soit réhaussé, ce qui n’est pas fait depuis des années.

"Dans de nombreux pays, des femmes se battent pour obtenir ou faire valoir ce droit. Même en France, il y a un problème d’accès à l’IVG" développe le Pr Deruelle. Même s’il conçoit que les problèmes d’assurance du Syngof sont réels et nécessitent une intervention des pouvoirs publics, il juge la menace du syndicat "indigne" et "totalement stupide".

Il s’inquiète par ailleurs de la libération d’une parole "réactionnaire" au sein de la gynécologie-obstétrique. "Le Syngof est en train de détruire l’image de la profession", regrette-t-il, même s’il admet que sur 8.000 professionnels en France, le syndicat ne compte que 1.600 membres. "Au CNGOF, quand nous avons pris connaissance de ce mail, les bras nous en sont tombés. Nous n’avions même pas de mots pour dire à quel point cela était stupide", conclut-il.