VIH : un gel vaginal pourrait réduire les risques d'infection même après un rapport

Ces dernières années, de nombreux gels microbicides applicables avant rapport sexuel ont été expérimentés pour lutter contre le VIH. Les essais cliniques et évaluations de terrain sont pour l'heure assez peu concluants. Chez certains primates, l'un de ces gels semble toutefois pouvoir empêcher l'infection lorsqu’il est appliqué "dans les trois heures après le rapport", selon les auteurs d'une étude publiée le 12 mars 2014 dans la revue Science Translational Medicine.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Entretien avec le Pr Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Tenon
Entretien avec le Pr Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Tenon

Depuis une décennie, la recherche sur les gels microbicides vaginaux et anaux suscite énormément d'intérêt, laissant entrevoir de nouvelles armes à intégrer à l'arsenal de la lutte contre le sida. Malheureusement, beaucoup d’espoirs ont été déçus.

Fin 2011, une très importante étude de terrain (sur un produit très efficace en laboratoire) a été interrompue au vu de résultats désastreux. Sur une très grande population, le nombre d'utilisatrices infectées par le VIH s'est révélé identique à celui d'utilisatrices d'un gel placebo... Difficile à appliquer, mal utilisé, ce gel semblait également perdre de son efficacité utilisations après utilisations...

Depuis lors, de nouveaux types de gels, ayant des modes d'actions différents, ont été développés de part le monde. Dans le cadre d'un essai sur l'animal de l'un de ces nouveaux gels, une équipe de chercheurs d’Atlanta (Etats-Unis) a essayé d'établir si l'infection pouvait être empêchée en appliquant la substance a posteriori.

En effet, il faut environ six heures au virus pour pénétrer dans l'ADN cellulaire, ce qui donne un délai raisonnable, en théorie, pour appliquer un gel microbicide après un rapport sexuel.

"Nous avons pensé qu'un gel pouvant être appliqué par les femmes après un rapport affecterait moins leurs habitudes avec leur partenaire, leur donnerait un meilleur contrôle de son utilisation et éliminerait la nécessité d'anticiper une relation sexuelle", expliquent les auteurs de cette étude parue dans la revue Science Translational Medicine.

Une expérience sur six macaques

L’expérience a été menée sur seulement six macaques. Cinq des six animaux avec le gel, jusqu'à trois heures après avoir été exposés au VIS (équivalent du VIH virulent chez différentes espèces de singes), n'ont pas été infectés et sont restés séronégatifs pendant une période de suivi de dix semaines.

Les auteurs envisagent désormais des études cliniques d'ici cinq à dix ans avec ce gel seul (qui empêche le virus de s'intégrer dans l'ADN des cellules immunitaires et de se multiplier, voir encadré) ou en combinaison avec un antirétroviral comme le ténofivir.

Source : Postexposure Protection of Macaques from Vaginal SHIV Infection by Topical Integrase Inhibitors. C. Dobard et coll. Sci. Transl. Med. 12 mars 2014 doi: 10.1126/scitranslmed.3007701

 

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Les gels microbicides peuvent empêcher l’infection virale de différentes façons. Certains incorporent une substance qui détruit l'enveloppe externe du virus. D'autres agissent au niveau des récepteurs des cellules immunitaires, empêchant l'agent infectieux de s'y arrimer (et donc d'injecter son matériau génétique dans la cellule).

Un troisième mode d'action consiste à bloquer la transcription du matériau génétique injecté, et ainsi empêcher la production de nouvelles copies du virus. C'est le mode d'action du gel testé par l'équipe d'Atlanta.