Un médecin référent pour l'enfant ?

Suite à la fuite d'un document de travail relatif à la prochaine loi de santé, qui doit être présentée le 17 juin 2014, des critiques sont apparues concernant un point précis du texte. Celui-ci concerne la généralisation de la déclaration d'un médecin traitant pour les enfants de 0 à 16 ans. Activement promu par le syndicat de médecins généralistes MG France, il est combattu tant par les associations de pédiatres que par le syndicat des médecins libéraux.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Un médecin référent pour l'enfant ? Cette proposition, qui reprendrait une demande du syndicat MG France, suscite les foudres de nombreux syndicats.

Pour Claude Leicher, président de MG France, généraliser le statut de médecin référent pour les enfants permettrait avant tout de clarifier une situation déjà bien réelle. "Aujourd'hui, le médecin traitant habituel des enfants est déjà un généraliste. Ils font 71% des actes de 0 à 6 ans, contre 15% pour les pédiatres."

"Si les parents vont voir un pédiatre, un service de PMI (protection maternelle et infantile), un généraliste, et vont consulter à l'hôpital, qui est responsable du suivi de leur enfant ?" poursuit-il. "A qui demande-t-on d'améliorer tel ou tel indicateur de santé des enfants ? Qui est le responsable de l'accompagnement des parents ? Ce peut être un pédiatre, un généraliste, un médecin d'une autre spécialité. Il ne s'agit pas pour nous de remettre en cause ce libre choix, mais de le conforter."

"Moins d'accessibilité"

Pour le Conseil National Professionnel de Pédiatrie (CNPP) - qui fait actuellement circuler une pétition contre cette disposition - cet argument ne tient pas.

"Il n'y aurait clairement pas de bénéfice apporté à la santé des enfants", nous explique le docteur Nathalie Gelbert, membre du CNPP et présidente de l'Association Française de Pédiatrie Ambulatoire. "Si le médecin traitant est un généraliste, il n'aura pas toujours le réflexe de demander une consultation en pédiatrie de ville, que les parents sollicitent aujourd'hui facilement en premier lieu. Inversement, si ce sont des pédiatres qui sont désignés "médecin traitant", ils vont se trouver submergés de consultations, alors que tous les problèmes ne nécessitent pas une expertise pédiatrique. Ils ne seront plus disponibles pour des avis ponctuels ou un suivi particulier à l'hôpital, ou auprès d'autres médecins, d'autres spécialités."

"Ce cadre, en somme, engendre moins d'accessibilité. Cet enfermement du suivi est une contrainte pour les familles", insiste-elle. " Nous ne souhaitons qu'une chose : que tout enfant puisse aller voir un spécialiste (ORL, dermato), que les parents puissent avoir le choix d'aller où ils veulent : un enfant est un être en développement, et doit pouvoir accéder à des spécialités qui prennent en compte cette spécificité."

"Améliorer et alléger le suivi des enfants"

Pour le président de MG France, une évolution législative permettrait, justement, de mieux valoriser les compétences de cette spécialité. "Clarifier nos rôles respectifs nous amènerait à avoir plus recours à l'expertise des pédiatres. Nous leur demanderions de devenir nos consultants, nos experts de ville. [Et en cela], cette proposition permettra d'améliorer et d'alléger le suivi des enfants en maladie chronique, en faisant en sorte que ce suivi soit fait exclusivement en ville, entre des pédiatres spécialistes et le médecin traitant - qu'il soit généraliste, pédiatre ou autre."

Aucun de ces arguments ne convainquent vraiment le CNPP, pour qui, "selon toute vraisemblance, l'argument de MG France est seulement d'ordre économique. Ils veulent une reconnaissance financière. Un forfait annuel de 5 euros par patient et par an rémunère les médecins référents, et les enfants ne sont pour l'instant pas concernés par cela."

 

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