Le tribunal de Strasbourg autorise une tentative de réanimation

Le tribunal administratif de Strasbourg a autorisé le 8 avril 2014 les médecins d'un patient plongé dans le coma à tenter de le réveiller, malgré l'opposition de son épouse qui craint une "obstination déraisonnable".

La rédaction d'Allo Docteurs
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Vidéo - Coma : question médicale ou judiciaire ?
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Les "soins d'éveil" envisagés par le service de neurochirurgie du CHU de Strasbourg sur ce patient, plongé dans le coma depuis un grave accident survenu en juillet 2013, "ne peuvent pas être qualifiés d'inhumains ou dégradants", a estimé le tribunal, donnant ainsi tort à l'épouse qui l'avait saisi en urgence.

Dans ce service, le patient pourra bénéficier de soins palliatifs "[qui ne porteront pas atteinte] à sa dignité", a ajouté le tribunal administratif dans un communiqué.

Le tribunal fait valoir que "[tenter des] soins d'éveil [ne] remet pas en cause la mise en œuvre éventuelle [de la loi Leonetti de 2005]" (sur l'arrêt des traitements visant au maintien artificiel de la vie d'un patient).

L'équipe médicale a d'ailleurs fait valoir que, "si la situation devait évoluer défavorablement, toutes les options resteraient ouvertes, même un arrêt des soins".

Expertise médicale

Le 2 avril, le patient a été transféré de l'hôpital de Colmar à celui de Strasbourg, les équipes médicales considérant qu'une tentative de réveil pouvait être réalisée. Elles ont fait valoir qu'une "amélioration notable" de son état "peut être envisagée", le patient répondant à certaines stimulations de son environnement et ressentant des émotions.

La famille est divisée. Certains proches du malade, notamment plusieurs de ses frères et sœurs, sont favorables à cette option thérapeutique. Mais d'autres pensent que "la gravité des lésions cérébrales pourrait engendrer un handicap probablement inacceptable pour le malade", selon le tribunal.

L'épouse, en particulier, fait valoir que son mari lui avait fait part de sa volonté "de ne pas se trouver confronté un jour à un état grabataire". Elle redoute aujourd'hui une "obstination déraisonnable" et un "risque de maintien artificiel en vie irréversible" qui amènerait son mari vers "un état de conscience minimale sans dignité", selon le tribunal.

Elle redoute en particulier que son mari soit "tout au plus [...] conscient de son état et donc en souffrance possible", mais sans pour autant être en mesure de se prononcer lui-même sur la poursuite ou l'arrêt des soins.

En attendant, l'épouse a demandé au tribunal d'ordonner une expertise médicale pour "lever les incertitudes". Selon une porte-parole du tribunal, cette expertise devrait être prochainement ordonnée, car les équipes médicales, à Colmar comme à Strasbourg, ne s'y opposent pas. 

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