Hard discount : gagnez 2,2… cm de tour de taille !

Surpoids, le lieu des courses en dit long. Plus on fait ses courses dans le hard discount, plus les ventres s’arrondissent. C’est le constat annoncé par des chercheurs de l’Inserm, dans une étude très sérieuse, parue ce mois-ci dans la revue PlosOne.

Setti Dali
Rédigé le
Hard discount : gagnez 2,2… cm de tour de taille !
Moins de problèmes de poids pour les usagers des enseignes
Moins de problèmes de poids pour les usagers des enseignes

Attention, faire ses courses chez Lidl®, Cora® ou ED® peut vous faire gagner… 2,2 cm de tour de taille ! C’est la différence moyenne entre un client de hard discount et celui qui a ses habitudes chez Monoprix®, selon une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche (Inserm).

Le lieu dans lequel ont fait ses courses ne serait donc pas si anodin. Une étude très sérieuse, parue dans la revue PlosOne, montre un lien entre fréquentation de certains hypermarchés, et excès de poids des clients. Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont interrogé 7131 personnes habitant dans 10 quartiers parisiens, et 111 villes de banlieue. Toutes leurs habitudes d'achats ont été passées au crible : enseignes, type, taille, distance, etc.  Mais aussi leur indice de masse corporelle, ainsi que leur taux de masse graisseuse.

"Aux Etats Unis, il existe de nombreuses études sur les relations entre l'environnement alimentaire et les comportements alimentaires, mais en France nous manquons de données probantes", explique Basil Chaix, responsable du projet de recherche. "Or, la distribution inégalitaire du surpoids risque de peser défavorablement sur la santé de certaines populations. De ce fait, il est important d’identifier les facteurs liés aux caractéristiques individuelles, du quartier de résidence, mais également des supermarchés fréquentés, qui contribuent à ces disparités", précise-t-il.

Les hard discount, mauvais élèves ?

Les résultats montrent que certaines enseignes sont associés à un tour de ventre plus important. C'est le cas notamment des magasins hard discount, notamment chez les personnes à faible niveau d'instruction. En tête, Lidl® et Cora® avec respectivement, +3,6 cm et + 3,5 cm de tour de taille de plus que les clients d'un magasin de proximité type Monoprix®.

Quant aux usagers des enseignes "bio", c'est tout l'inverse. Ils affichent 6,1 cm de tour de taille... en moins ! Bref, plus les Français font leurs courses en hard discount, plus leurs ventres s'arrondissent.

Basile Chaix admet que des problèmes de surpoids plus fréquents sont constatés chez les clients habituels de hard discount, mais il se refuse à toute conclusion hâtive. "On peut se demander si certaines enseignes constituent un environnement alimentaire défavorable ou si les associations observées sont liées à un défaut d'ajustement de notre modèle qui ne tient pas compte des préférences alimentaires. Il faut donc aller plus loin dans les investigations".

Le hard discount fait-il grossir ?

Comment expliquer cette différence de taille ? Une hypothèse avancée par les chercheurs : l'affichage des hard discount qui "ne représente pas la même qualité en repères nutritionnels" que les supermarchés classiques. Les clients seraient davantage tentés par des produits riches en édulcorants et en graisses saturées, vendus le plus souvent en "promotion" ou en grand format. Pour la nutritionniste Béatrice de Reynal, "on peut acheter sain et équilibré en hard discount. Mais quand on est obèse, on a besoin de manger beaucoup. Une personne en surpoids dépense deux à trois plus par semaine qu'un client de Monoprix® par exemple". Sans compter que cette enseigne de proximité haut de gamme n'est pas à la portée de toutes les bourses. Et exclut donc toute une clientèle peu fortunée.

L'étude réalisée ne permet donc pas d'établir un lien de cause à effet entre les enseignes de supermarché et le profil nutritionnel de leurs clients. Néanmoins, "ces résultats montrent que les supermarchés constituent un lieu potentiellement pertinent pour développer des interventions (diffusion de messages nutritionnels ou autres actions de santé publique) et permettent d'identifier ceux dans lesquels de telles interventions sont plus particulièrement utiles pour s’attaquer à l'épidémie d'obésité et à sa distribution inégalitaire", conclut Basile Chaix.

Source : "Associations of Supermarket Characteristics with Weight Status and Body Fat: A Multilevel Analysis of Individuals within Supermarkets (RECORD Study)", PlosOne, avril 2012.

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