Durant notre sommeil, le cerveau continue à identifier les mots…

Alors que nous dormons, notre cerveau reste à l'écoute. Des chercheurs français viennent de démontrer que des mots perçus durant notre sommeil sont spontanément décodés dans les aires dédiées au langage…

Florian Gouthière
Rédigé le
Durant notre sommeil, le cerveau continue à identifier les mots…

Avis à tous les bavards : si un ou plusieurs de vos interlocuteurs se sont déjà endormis pendant l'un de vos discours, leur cerveau, lui, restait à l'écoute.

Pour déterminer si les aires du langage se mettaient ou non au repos pendant nos roupillons, l'équipe du Sid Kouider (CNRS) a mis en place un protocole aussi simple qu'élégant.

Durant plusieurs heures, il a soumis des volontaires à un exercice particulièrement répétitif. A l'écoute de mots prononcés toutes les neuf secondes, les participants de l'étude devaient lever la main droite lorsqu'ils entendaient un nom d'animal, et la main gauche lorsqu'il s'agissait d'un nom d'objet.

Une fois la tâche devenue "automatique", les cobayes humains ont été envoyés se coucher, un dispositif d'imagerie cérébrale vissé sur leur crâne.

Chaise… Vache… Téléphone… Chat… Lapin…

Pendant qu'ils s'endormaient, les chercheurs les ont de nouveau soumis à la litanie de noms d'animaux et d'objets. Selon les données publiées par les chercheurs, des zones cérébrales distinctes - associées au mouvement de l'une ou l'autre main - apparaissaient activées selon l'appartenance des mots à l'une ou l'autre catégorie. Et ce, même après l'accueil des participants dans les bras velus de Morphée. Bien qu'ils fussent inconscients et immobiles, "[leur] cerveau est demeuré capable de percevoir les sons de l'environnement, d'extraire la signification des mots et de décider quelle action mener – bouger la main droite ou la main gauche", relatent les chercheurs.

De l'avis du CNRS, leurs travaux(1) pourraient "contribuer à déterminer la meilleure manière de profiter de notre temps d'endormissement, n'importe quelle tâche automatisable étant potentiellement entretenue par le cerveau durant notre sommeil."

(1) Travaux publiés dans Current Biology ce 11 septembre.

Source : Inducing task-relevant responses to speech in the sleeping brain. Sid Kouider et coll. Current Biology, 11 septembre 2014.