De l'intérêt d'un suivi au long cours après un traumatisme crânien

Etre victime d'un traumatisme crânien multiplierait par trois les risques de décès prématurés et pourrait entraîner des troubles psychiatriques, d'après une récente étude américaine. Cette découverte interroge sur la nécessité de suivre à long terme les traumatisés crâniens, rarement réévalués après leur accident.

La rédaction d'Allo Docteurs
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L'examen par scanner est pour l'instant le seul test fiable pour déterminer la sévérité d'un traumatisme crânien.
L'examen par scanner est pour l'instant le seul test fiable pour déterminer la sévérité d'un traumatisme crânien.

Trois fois plus de décès prématurés chez les traumatisés crâniens

L'équipe du Dr Seena Fazel, chercheur de Wellcome Trust - grande fondation mondiale de charité en médecine (Angleterre) - a étudié la mortalité de patients suédois ayant été victimes d'un traumatisme crânien. L'étude, publiée le 15 janvier 2014, dans le Journal of the American Medical Association Psychiatry, souligne qu'un patient ayant subi un traumatisme cérébral a trois fois plus de risques de mourir prématurément à six mois ou plus, en comparaison d'une personne n'ayant pas subi de traumatisme crânien.

Pour mettre en place leur étude, les chercheurs suédois ont examiné les dossiers médicaux de 218.300 patients nés en 1954 et après, victimes d'un traumatisme crânien entre 1969 et 2009, comparés à leurs fratries et à la population générale composée de plus de deux millions de personnes.

Plus de 11.000 des traumatisés crâniens sont décédés prématurément après le traumatisme. 21,5% d'entre eux sont morts six mois après le choc.

"Le fait d'avoir comparé les patients à leurs fratries permet de tenir compte des facteurs génétiques de mortalité", précise l'un des auteurs de l'étude.

Des troubles psychiatriques apparaissent parfois après le choc

"50% des décès prématurés sont soit dus à un autre accident, soit à un suicide", explique l'auteur. D'après les résultats, 61% des traumatisés crâniens souffraient de troubles psychiatriques ou de toxicomanie pouvant expliquer les décès prématurés.

Pour certains patients victimes de lésions cérébrales traumatiques, les troubles psychiatriques et la toxicomanie sont apparus après le traumatisme, précise l'auteur. Il ajoute que ces troubles sont probablement liés à des traits de personnalité bien spécifiques, comme l'impulsivité ou la recherche de sensations fortes.

L'apparition de troubles psychiatriques pourrait être multifactorielle incluant des changements biologiques et comportementaux de la personne ayant subi un choc, mais aucune relation de cause à effet n'a été confirmée pour le moment.

Nécessité d'un suivi au long cours

Le Dr Fazel pointe l'importance de prendre en charge au long cours les patients victimes de traumatisme crânien pour éviter une mortalité prématurée. Il prône par ailleurs l'intérêt de soins à long terme, avec notamment un suivi psychologique, voire psychiatrique, pour évaluer chez ces patients les éventuels risques suicidaires ou dépressifs.

Les recommandations médicales actuelles ne prévoient pas de suivi d'un patient victime de traumatisme crânien. Ils sont parfois réévalués à 24-48h mais une fois l'hypertension intracrânienne évitée, aucune évaluation du risque suicidaire ou dépressif à distance n'est effectuée. Suite à cette découverte, une révision des recommandations pourrait peut-être se discuter.

Source : Suicide, Fatal Injuries, and Other Causes of Premature Mortality in Patients With Traumatic Brain Injury. A 41-Year Swedish Population Study. Dr Seena Fazel. 15 janvier 2014. JAMA Psychiatry.

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