L'aventure d'un soir, une expérience excitante mais risquée...

Une nuit torride avec un inconnu est un fantasme courant. Mais si elle est particulièrement excitante pour certains, elle n'est pas sans risques…

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
L'aventure d'un soir, une expérience excitante mais risquée...
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Les infections sexuellement transmissibles, risque n°1

Succomber à l'excitation d'une première fois sans lendemain, découvrir un nouveau corps et s'abandonner totalement avec un inconnu que l'on ne reverra pas,… Sur le papier, c'est profondément excitant ! Sortir des terrains connus peut se révèler transgressif et démultiplier le plaisir. Mais quelques précautions s'imposent pour éviter la douche glacée du lendemain matin…

Le spectre des infections sexuellement transmissibles, ou IST, est bien réel puisque par définition, ni la vie sexuelle ni les pratiques du bel inconnu ou de la belle inconnue ne sont connues. Rien qu'un baiser expose à une infection, comme l'herpès, alors on ne "roule pas un patin" à un quelqu'un présentant un herpès buccal ou si l'on en souffre soi-même !

Si le baiser est prometteur et débouche sur un contact plus intime, le préservatif est incontournable et non négociable, même en cas de soirée trop arrosée ou pris par un désir impérieux et incontrôlable. Car en son absence, l'activité sexuelle peut déboucher sur toute une série d'infections (ou sur des angoisses considérables en attendant les résultats du test) : gonorrhée, syphilis, hépatite B, VIH, papillomavirus, etc… la liste est longue !

Et si la mise en place du préservatif fait retomber l'excitation, autant la transformer en jeu érotique, en demandant à la partenaire de le dérouler délicatement sur le pénis.

Outre les IST, certaines maladies infectieuses sont aussi potentiellement transmissibles par l'activité sexuelle, comme le virus zika, certains parasites ou encore le staphylocoque (une bactérie présente naturellement sur la peau et les muqueuses mais elle peut provoquer une infection cutanée ou gynécologique quand il y a une blessure ou une baisse conséquente des défenses immunitaires),  

Les pratiques les plus à risque

Les pénétrations sans préservatif sont les plus problématiques. La muqueuse du vagin est très vascularisée et la transmission des germes par voie sanguine est donc facile. Et même si le préservatif ne protège pas contre toutes les infections, il reste la protection la plus efficace aussi bien dans sa version masculine que féminine. Seul bémol, certaines affections comme le chlamydia et l'herpès génital se transmettent parfois par simple contact cutané. De même, le "petit chapeau" est incontournable en cas de sodomie, la muqueuse rectale étant très riche en vaisseaux et fragilisée par la pénétration anale.

La fellation n'est pas en reste mais elle est hélas rarement effectuée avec un préservatif (elle est à prohiber en cas de lésion dans la bouche ou si l'on voit une lésion sur le sexe). Certes, le sperme et le le liquide séminal peuvent contenir le VIH… Conclusion : même si la pratique perd de son charme avec un préservatif, celui s'impose ! Même constat pour le cunnilingus, qui devrait être pratiqué avec une digue dentaire ou un préservatif féminin coupé.

Quant aux sextoys, ils peuvent aussi être le vecteur de différentes infections. Ils doivent être lavés après chaque utilisation avec du savon ou du désinfectant. Dans le cadre d'un rapport sexuel à plusieurs et d'échange de sextoy, on recommande de le coiffer d'un préservatif à changer pour chaque utilisateur.

La lecture de ces risques est forcément angoissante mais un homme averti, ou une femme, en vaut deux ! Et avec l'usage systématique du préservatif, on limite grandement les risques tout en s'abandonnant pleinement aux plaisirs… Et on n'oublie pas de se faire tester régulièrement si on diversifie les partenaires sexuels.

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La conduite à tenir en cas de risque

En cas d'oubli ou de rupture de préservatif, le meilleur réflexe est de se rendre dans les 48 heures aux urgences pour que soient évalués le risque d'IST et la nécessité (ou pas) d'un traitement post-exposition (TPE ou traitement post-exposition). Une prise de sang sera effectuée 3 mois après le rapport afin de tester la syphilis, le VIH, l'hépatite B. 

 

La grossesse, un risque à ne pas négliger

Bien évidemment, il est possible d'être enceinte de ce bel inconnu totalement craquant mais dont on ne connaît rien, si l'on n'a pas utilisé de préservatif ou si l'on ne prend pas de contraception.

La pilule du lendemain ou du surlendemain est alors à prendre le plus vite possible, en sachant qu'elle est d'autant plus efficace qu'elle est prise rapidement (Norlevo®/lévonorgestrel à prendre dans les 72 heures et Ellaone®/ulipristal dans les 5 jours). Evidemment, en cas de retard de règles, un test de grossesse s'impose !

Les risques anecdotiques

Une nuit peut laisser des bleus au coeur. Ce qui semble anecdotique après les infections et la grossesse, mais qui n'en demeure pas moins plus fréquent. La déception peut être sexuelle et cruelle : l'anticipation de cette nuit avec un bel inconnu nous avait embrasé(e) mais le 7ème ciel s'est fait désirer et le plaisir a fait du rase-motte…. Heureusement, il est toujours possible de s'éclipser rapidement, ce qui n'est pas forcément élégant.

Ou à l'inverse, après une nuit torride, on rêvait de recommencer mais l'envie n'est pas partagée ; l'aventure n'aura duré qu'une nuit mais les questionnements sur nos capacités sexuelles ou notre aptitude à plaire seront beaucoup plus longs. Inutile de se remettre en question pourtant : statistiquement, le "coup d'un soir" se transforme rarement en longue histoire... Même s'il y a parfois des happy ends réjouissants...