"Mon vagin fait des bruits, est-ce normal ?"

Il existe sûrement des questions que vous n'avez jamais osé poser, par pudeur, crainte, voire même honte... Notre journaliste, Mélanie Morin, a posé ces questions à votre place. Aujourd'hui, il est question des bruits émis par le vagin, les fameux pets vaginaux.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
"Mon vagin fait des bruits", chronique de Mélanie Morin du 30 janvier 2017
"Mon vagin fait des bruits", chronique de Mélanie Morin du 30 janvier 2017

Lorsque l'on fait une recherche sur Internet avec les termes "pets de…" sur Internet, le premier résultat est "pets de nonne" qui sont des beignets soufflés. Le résultat "pets de fouf" arrive en quatrième position. Ce mot familier est le diminutif de "foufoune", un terme à consonance enfantine qui désigne le sexe féminin. On parle aussi de "frout", contraction de "foufoune" et de "prout". Le "pet de fouf" génère plus de 50.000 résultats.

À quoi sont dus les pets vaginaux ?

Il faut distinguer les pets vaginaux des flatulences classiques. Même si les bruits sont proches et même si on emploie le terme de "pets" dans les deux cas, les différences sont majeures. Selon un gastro-entérologue contacté par nos soins, le pet anal est dû à un trop-plein de gaz dans les intestins lors du processus de digestion. On a affaire à une fermentation de bactéries, d'où la mauvaise odeur qui accompagne parfois ces gaz. Dans le cas du pet vaginal, le phénomène est purement mécanique et se produit le plus souvent lors des rapports sexuels.

Selon un gynécologue contacté par nos soins, le pet vaginal est dû à un relâchement des parois du vagin qui sont recouvertes de muscles et qui vont moins serrer le pénis lors de la pénétration. Il y a une diminution du tonus musculaire, on parle d'hypotonie. Ce relâchement favorise l'entrée d'air dans le vagin et comme cet air ne doit pas être présent, il est rejeté et de façon plus ou moins sonore.

L'accouchement, un facteur favorisant

S'il ne faut pas généraliser, les femmes ayant accouché par voie basse sont plus souvent confrontées à cette situation. Plusieurs kinésithérapeutes spécialistes du périnée soulignent qu'après un accouchement, l'appareil génital féminin subit parfois des changements. Les deux petites lèvres ont ainsi tendance à être plus espacées l'une de l'autre, on parle alors de béance vulvaire. La vulve laisse donc passer plus d'air d'où les bruits qui s'ensuivent.

L'accouchement est donc un facteur favorisant mais ce n'est pas le seul. Si la lubrification pendant un rapport sexuel est importante, cela peut aussi générer des bruits car le vagin, rendu plus glissant, laisserait passer davantage d'air.

Que faire en cas de pets vaginaux à répétition ?

Si les patientes se sentent en confiance, il leur arrive d'en parler, notamment avec les kinésithérapeutes ou les sage-femmes qui leur font faire de la rééducation périnéale. Les kinés et les sage-femmes posent de nombreuses questions lors de leur bilan : ces bruits vaginaux se sont-ils déjà produits ? Si oui, dans quel contexte ?… Certains montrent même le kamasutra à leurs patientes pour leur expliquer que les positions sexuelles où le vagin est dirigé vers le bas laisseront entrer plus d'air qu'un vagin orienté vers le haut…

Les bruits vaginaux peuvent motiver une rééducation lorsqu'ils sont récurrents et lorsqu'ils gênent beaucoup les patientes. Généralement, cela montre un manque de tonicité des muscles du périnée donc il ne faut surtout pas hésiter à en parler. Le périnée est un petit hamac qui joue un rôle essentiel pour retenir de nombreux éléments : l'air mais aussi l'urine quand on parle de continence. Pour renforcer le périnée, les spécialistes demandent dans un premier temps aux femmes de le contracter 5-6 secondes en imaginant qu'elles ferment un éventail ou la porte d'un ascenseur, cela permet d'en prendre conscience. Ensuite, un travail d'électro-stimulation est souvent nécessaire sur plusieurs séances car il faut stimuler des fibres musculaires un peu fainéantes ou qui ont pu être lésées, on parle de "fibres lentes" car elles jouent un rôle essentiel pour tenir la contraction du périnée dans la durée. Cette "tenue" du périnée peut limiter en tout cas les bruits vaginaux.

Pet vaginal et yoga

Ces bruits vaginaux se produisent aussi dans d'autres situations, notamment lors des cours de gymnastique. Une activité physique est particulièrement propice aux pets vaginaux : le yoga. Plusieurs blogueuses yogis en parlent car ils sont fréquents. Certaines postures dites inversées, comme la "chandelle", provoquent des bruits. Le périnée, à l'envers, se détend et s'ouvre. Les organes "tombent" vers le diaphragme surtout si la zone musculaire autour est faible. S'ensuit une ouverture du vagin où l'air pénètre et quand on redescend les jambes, il est expulsé parfois bruyamment. D'autres yogis donnent des conseils aux pratiquantes, ils préconisent le "mula bandha", c'est-à-dire la contraction du périnée et de l'anus. Il faut bien les serrer lors de la chandelle et de la descente sans pour autant oublier de respirer.

Il faut en tout cas dédramatiser, que ce soit dans une situation intime ou sportive… Alexandra, une yogi, donne quelques conseils en cas de bruits intempestifs : "Si le gaz vient de vous, prenez-le avec humour et souriez ! Attention aux fous rires. Vous risquez d'en lâcher d'autres !" et "si le gaz vient de votre voisin, surtout continuez votre pratique, avec humilité, de façon inébranlable, impassible, stoïque".

N'hésitez pas à envoyer vos questions gênantes par mail : melanie@allodocteurs.fr