La médicalisation de l'excision complique son éradication

L'Institut national d'études démographiques (Ined) s'inquiète de l'augmentation de mutilations génitales féminines pratiquées en milieu médical dans certains pays, y voyant un "dévoiement" des campagnes de sensibilisation qui compromet l'éradication de l'excision.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le
La médicalisation de l'excision complique son éradication

Longtemps décrite comme un rite de passage à l'âge adulte, l'excision tend à être pratiquée de plus en plus tôt : avant 10 ans pour la majorité des femmes dans la plupart des pays, et avant 5 ans pour les plus jeunes générations.

Depuis plusieurs années, à cette tendance au rajeunissement de la pratique s'ajoute le développement "inquiétant" de sa médicalisation dans plusieurs pays (Egypte, Guinée, Indonésie, Kenya, Nigeria, Soudan du sud, Yemen), souligne l'Ined.

Si dans la majorité des cas, les mutilations continuent à être faites par des exciseuses "traditionnelles", de plus en plus de filles sont excisées par des professionnels de santé en milieu médical, sous prétexte de "réduire les risques sanitaires" de l'opération.

A l'initiative du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), les organisations internationales ont condamné ce "dévoiement des premières campagnes de sensibilisation, qui compromet l'éradication de l'excision", souligne l'Ined.

Elle rappelle par ailleurs que d'autres pays pratiquent des chirurgies de "réassignation" sur des nouveaux-nés intersexués, et qu'on observe aux Etats-Unis, en Amérique latine, en Asie et en Europe, un développement très récent de pratiques de chirurgie esthétique génitale, telles que la nymphoplastie (ablation totale ou partielle des petites lèvres).

avec AFP

Selon une estimation de l'Unicef publiée en 2016, environ 200 millions de femmes et de filles dans le monde ont subi des mutilations génitales, la moitié d'entre elles vivant en Egypte, Ethiopie et Indonésie. Selon l'Ined, outre les 30 pays où ces mutilations ont été pratiquées (27 pays africains, Yemen, Irak et Indonésie), s'ajoutent des filles et femmes originaires de pays à risque et vivant dans des pays d'immigration, pour lesquels on ne dispose pas encore d'estimation globale.

Des études récentes évaluent par exemple à près de 500.000 le nombre de filles ou femmes mutilées ou exposées au risque aux Etats-Unis, et à plus de 500.000 le nombre de migrantes concernées en Europe.