Gel contraceptif pour hommes : les recherches continuent

Depuis plus d'une dizaine d'années, des chercheurs indiens et nord-américains travaillent au développement d'un contraceptif masculin sous forme de gel. Introduit dans le canal emprunté par les spermatozoïdes lors de l'éjaculation, il détruit la membrane des gamètes, les rendant non fécondants.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Le Vasalgel, petit frère étasunien du RISUG®, est actuellement testé sur des babouins. (cc-by Charles J Sharp)
Le Vasalgel, petit frère étasunien du RISUG®, est actuellement testé sur des babouins. (cc-by Charles J Sharp)

Depuis la fin des années 1990, l'équipe du professeur Chaudhury, de l'université de Calcutta, travaille au développement d'un gel polymère contraceptif, le "RISUG®"(1). Son principe de fonctionnement est simple : une fois injecté dans le canal déférent (spermiducte) humain, ce polymère altère la membrane externe des spermatozoïdes, les rendant incapables de se mouvoir, et donc de féconder l'ovule. La substance utilisée pour les expériences apparaît efficace de nombreuses années, et peut être extraite si l'utilisateur souhaite procréer.

Le RISUG® est actuellement en phase de test élargie (sur un grand nombre de patients) en Inde. Cet essai clinique doit confirmer la non-toxicité de la substance, et son efficacité. En 2002, les essais sur l'homme d'une première version du RISUG® avaient été suspendus après une forte suspicion de toxicité. Les résultats sur la nouvelle mouture du RISUG® n'ont pas encore été publiés.

Le petit frère nord-américain

Inspirés par le programme indien, des scientifiques étasuniens cherchent depuis 2010 à réaliser leur propre version du RISUG® : le Vasalgel. Ce composé est développé au sein de la Parsemus Foundation, à but non lucratif.

Après de premiers tests concluants sur le lapin, les biologistes nord-américains ont rapidement initié des tests sur le babouin. Les résultats de ces études déçurent leurs promoteurs : après avoir constaté une baisse drastique du nombre de spermatozoïdes viables dans le sperme des animaux, le sperme apparut bientôt parfaitement fertile. Après analyse du protocole expérimental, les chercheurs ont cependant réalisé que l'extraction du sperme à l'aide d'une seringue, à des fins d'analyses, avait probablement abimé le gel contraceptif.

Afin de contourner cette difficulté, les chercheurs ont donc décidé d'employer les grands moyens. Des femelles côtoient donc, depuis début août, les babouins mâles.

La peau située au niveau de la région ano-génitale des femelles se gonflant et se colorant pendant la période d'ovulation, si, au fil des mois à venir, les femelles continuent d'ovuler en dépit des accouplements avec les mâles, les scientifiques estimeront cette phase d'essais concluants. Des essais cliniques sur l'homme pourront alors être initiés.

(1) Anagramme de Reversible Inhibition of Sperm Under Guidance – Inhibition réversible contrôlée du sperme.

En savoir plus sur la contraception masculine :

Le gel contraceptif n'obstrue pas le canal déférent. Quelques minutes après son insertion, il se répartit sur la paroi du canal et s'y solidifie. Le polymère qui compose le gel solidifié possède une très faible charge électrique (alternance de charges positives et négatives le long des nombreux centimètres du canal). Au contact de cette surface, les membranes des spermatozoïdes éclatent, les rendant incapables de se mouvoir. (Source : Chaudhury et coll, 2004)