Pédophilie : une première cellule d'écoute au sein de l'Eglise catholique

Pour la première fois en France, une cellule d’écoute et d’accompagnement pour les victimes et auteurs d’actes pédophiles au sein de l’Eglise catholique a été mise en place en partenariat avec le CHU de Montpellier.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Depuis 2012, dans le prolongement de la conférence des évêques de 2010 "lutter contre la pédophilie", le diocèse de Montpellier s’est engagé activement contre les violences sexuelles avec des journées d’information, de sensibilisation, et de formation auprès de ses membres laïcs et religieux en collaboration avec le CHU de Montpellier.

Le Centre Ressource pour les Intervenants auprès des Auteurs de Violences Sexuelles-Languedoc Roussillon (CRIAVS-LR) du CHU de Montpellier est spécialisé dans la prise en charge et l’accompagnement des auteurs et des victimes de violences sexuelles. L’équipe composée de psychiatres et de psychologues, avait déjà réalisé, à la demande du diocèse, des actions de prévention des violences sexuelles, et notamment de la pédophilie. Elle a donc été sollicitée par l’Archevêque de Montpellier pour mettre en place une cellule de ce type.

Une ligne téléphonique financée par l'Eglise

C’est "à l’issue de la Conférence des évêques de France" en avril 2016 "que le diocèse de Montpellier et le CRIAVS-LR se sont naturellement associés pour créer la cellule d'écoute et d'accompagnement des auteurs et victimes de violences sexuelles au sein de l'Eglise (CEAVE)", indique le communiqué de presse du CHU de Montpellier.

Une astreinte téléphonique dédiée à la cellule d'écoute a été créée, avec une ligne téléphonique financée par le diocèse. Le numéro a été diffusé sur des affiches dans tout le diocèse indiquant le téléphone portable de la cellule : 07 68 55 00 43.

De plus, une procédure d’accueil et d’évaluation a été pensée "pour recueillir la parole des victimes et des auteurs et orienter spécifiquement les personnes sollicitant la cellule, en fonction du degré d’urgence, des besoins et de la demande", poursuit le communiqué.

Impact majeur sur le développement affectif et sexuel

Dans le cadre de cette procédure, dans les sept jours suivant l’appel téléphonique, un rendez-vous est proposé au CHU avec un binôme psychologue-psychiatre. Suite à cette première évaluation, l'équipe peut proposer une rencontre avec l’avocate de la cellule, avec l’archevêque de Montpellier, un nouveau rendez-vous avec un thérapeute du CRIAVS ou une orientation vers un correspondant en ville ou à l’hôpital. Dans tous les cas, les personnes qui le souhaitent peuvent bénéficier d’un accompagnement régulier à l’issue de ce premier contact.

La cellule d'écoute "a traité sur les douze derniers mois 32 appels téléphoniques, dont sept appels hors Languedoc-Roussillon et onze appels concernant des violences sexuelles hors Eglise. Lors de la première année, trois familles et cinq victimes de violences sexuelles au sein de l’Eglise ont été reçues. Les faits remontant entre les années 1940 et 1960, la plupart des personnes impliquées sont maintenant décédées. Tant masculines que féminines, les victimes avaient été abusées de manière répétée entre l'âge de 6 et 14 ans.

"Pour toutes les personnes rencontrées, l’impact sur le développement psycho-affectif et sexuel a été majeur. Cinq personnes ont souhaité rencontrer Monseigneur Carré (archevêque de Montpellier) afin de rendre compte de leur histoire et alerter l’autorité ecclésiale. Ces échanges ont été particulièrement importants pour mettre fin à la honte et la culpabilité, favorisant ainsi le processus de réparation après cette première étape de reconnaissance," conclut le communiqué.