Papillomavirus : et si une seule dose de vaccin suffisait contre le cancer du col ?

Une seule dose de vaccin anti HPV protégerait contre les lésions précancéreuses du col de l’utérus pendant au moins cinq ans, selon une nouvelle étude. Une découverte qui pourrait faciliter l’accès à ce vaccin.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Papillomavirus : et si une seule dose de vaccin suffisait contre le cancer du col ?
Crédits Photo : Pixabay / © Angelo Esslinger

Combien faut-il de dose de vaccin contre le papillomavirus pour protéger efficacement contre le cancer du col de l’utérus ? Selon des chercheurs américains des universités de Galveston au Texas et de Yale, une seule dose apporte déjà de bons résultats, au moins sur le court terme. Ils publient leurs travaux dans la revue Cancer le 10 février 2020.

Plus de 133.000 femmes suivies pendant cinq ans

Pour ces travaux, les chercheurs se sont appuyés sur les données de santé de 133.082 jeunes filles et jeunes femmes âgées de neuf à 26 ans. La moitié d’entre elles avait été vaccinée avec une, deux ou trois doses entre 2006 et 2015 et l’autre moitié n’était pas vaccinée. Les scientifiques ont ensuite analysé les résultats de tests de dépistage du cancer du col de l’utérus pendant cinq ans.

Entre 28 et 36% de risque en moins

Résultat : les jeunes filles âgées de 15 à 19 ans qui ont reçu une, deux ou trois doses de vaccin contre le HPV (pour papillomavirus humain) présentent des taux plus faibles de lésions précancéreuses au niveau du col que les adolescentes non vaccinées.

Plus précisément, le risque de lésions précancéreuses a diminué de 36%, de 28% et de 34% chez les adolescentes qui ont reçu respectivement une, deux ou trois doses de vaccin par rapport aux adolescentes non vaccinées.

Faciliter l’accès au vaccin

Avantage certain de réduire le nombre de dose : faciliter l’accès à ce vaccin. "Si une dose de vaccin HPV suffit à assurer une protection efficace, la mise en œuvre et l’extension du vaccin nécessiterait moins de logistique", écrivent ainsi les auteurs de l’étude. "Les doses disponibles pourraient s’étendre davantage et le coût global serait moindre".

Un point particulièrement intéressant "pour les pays pauvres", qui concentrent à eux seuls "80% des cas de cancer du col de l’utérus" mais qui n’ont "pas les ressources suffisantes pour administrer deux ou trois doses à toutes les adolescentes", nous explique le professeur Joseph Monsonego, gynécologue médical et obstétrique à l’Institut du col, à Paris.

Cinq ans d’efficacité, mais après ?

Pour le moment, cette étude ne fournit des résultats que sur cinq ans et l’efficacité d’une seule dose sur le plus long terme n’est pas encore connue.
En revanche, "ce que l’on sait, c’est que le taux d’anticorps neutralisants, des molécules dont la production est induite par le vaccin et qui apportent une protection contre le papillomavirus, est plus faible avec une seule dose", souligne le professeur Monsonego.
Est-ce que ce faible taux suffit pour protéger sur le long terme, dans 10 ou 15 ans ? "Seules des études menées à plus long cours le diront " répond le gynécologue, qui craint qu’un rappel vaccinal puisse être nécessaire pour allonger la durée d'efficacité de cette unique dose de vaccin.
Mais pour le moment,"si une seule dose apporte une protection contre le cancer du col de l’utérus, même si ce n’est que sur cinq ans, c’est déjà mieux que rien" avance le spécialiste.

Quoi qu’il en soit, cette étude "ne remet pas en question le programme de vaccination mis en place en Europe ou aux États-Unis ". En France, les autorités préconisent l’administration de deux doses de vaccin entre 11 et 14 ans et trois doses entre 15 et 19 ans chez les jeunes filles. Cette recommandation devrait être rapidement étendue aux garçons, selon un avis de la Haute Autorité de Santé confirmé par la Ministre de la Santé qui a annoncé la modificaiton du calendrier vaccinal dès 2020.