Alep : "Les blessés sont soignés à même le sol"

C’est un déluge de feu qui s'abat sur la ville d'Alep depuis quelques jours. La partie rebelle de la ville fait l'objet de bombardements incessants de la part du régime syrien et de son allié russe. La situation humanitaire est catastrophique. Le Dr Oubaida Al Moufti, porte-parole de l’Union des organisations de secours et de soins syrienne, était l'invité du Magazine de la santé ce mardi 27 septembre.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien avec le Dr Oubaida Al Moufti, porte-parole de l’Union des organisations de secours et de soins syrienne
Entretien avec le Dr Oubaida Al Moufti, porte-parole de l’Union des organisations de secours et de soins syrienne
  • Quelle est la situation à Alep ?

Dr Oubaida Al Moufti, porte-parole de l’Union des organisations de secours et de soins syrienne : "La situation dépasse tout ce que l’on peut imaginer. Depuis une dizaine de jours, les bombardements n’ont pas cessé et ils sont menés de façon aveugle. Les derniers chiffres font état de 600 morts et 1.500 blessés. La situation médicale et humanitaire est dramatique. Or, les hôpitaux fonctionnent essentiellement avec l’aide d’ONG comme la nôtre. Il n’y aucune aide officielle ou gouvernementale".

  • Comment les blessés sont-ils pris en charge ?

Dr Oubaida Al Moufti : "Les bombardements concernent la partie est de la ville, une zone qui compte 300.000 habitants. Or, il n’y a que cinq ou six hôpitaux qui fonctionnent de manière très partielle avec seulement une trentaine de médecins qui sont restés dans cette partie de la ville. Beaucoup de blessés sont soignés à même le sol. On a même un collègue qui nous a expliqué qu’il avait dû réaliser une intervention sur un patient souffrant d’une hémorragie cérébrale par terre car il n’y avait aucune possibilité d’aller dans un bloc opératoire".

  • Les soignants sont-ils pris pour cible ?

Dr Oubaida Al Moufti : "Les hôpitaux et le personnel médical sont devenus des cibles privilégiées. C’est une violation manifeste des Conventions de Genève. Certains blessés refusent même de se rendre à l’hôpital par peur de mourir dans un bombardement. Depuis près de quatre ans, on a recensé plus de 700 morts parmi le personnel médical et paramédical syrien. Les gens qui continuent à travailler dans ces conditions-là sont de vrais héros. Ce sont des gens qui ont choisi de rester et de servir la population civile".