Attentats : une enquête pour suivre les victimes

La vie de milliers de personnes a basculé le 13 novembre 2015. Des familles endeuillées, des victimes blessées, des témoins présents sur les lieux des attentats, mais aussi tous les professionnels qui se sont mobilisés. Des cellules psychologiques d'urgence ont immédiatement proposé leur aide. Un dispositif extraordinaire que l'enquête de santé publique post-attentats (ESPA 13 novembre) doit permettre d'évaluer.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Pour estimer l'impact et les conséquences psycho-traumatiques des attentats du 13 novembre et améliorer la stratégie à adopter en cas de situations exceptionnelles, Santé publique-France a lancé, le 7 juillet 2016, une grande étude en ligne : ESPA 13 novembre 2015.

Basée sur le volontariat, cette enquête est destinée aux personnes de 16 ans et plus directement impliquées dans les attentats de novembre 2015 :

  • les personnes "civiles", directement visées ou menacées par les terroristes, ayant dû se cacher, témoins directs des attaques perpétrées à Saint-Denis et à Paris le 13 novembre ou de l'assaut du 18 novembre à Saint-Denis,
  • les professionnels étant intervenus, des services de secours et des forces de l'ordre, des associations, des services des villes, de soins, qui ont eu à sécuriser les lieux ou à les réhabiliter, à prendre en charge des personnes blessées physiques ou psychiques,
  • les personnes endeuillées d'un proche.

"C'est la première fois à Paris, en région parisienne, qu'on doit fournir des soins à une population civile d'une telle ampleur pour des troubles post-traumatiques. Donc ça veut dire que le système de soins doit aussi s'adapter et évoluer. Est-ce que les personnes sont satisfaites de ce qu'on leur a proposé ? Qu'est-ce que - peut-être - il y aurait de mieux à faire ?", s'interroge le Pr Thierry Baubet, psychiatre (AP-HP), membre de l'équipe ESPA 13 novembre 2015.

Pour faire ce bilan, chaque participant à cette enquête en ligne va d'abord préciser sa situation lors des événements et son éventuel suivi psychologique, puis répondra aux questions sur leur retentissement actuel dans sa vie quotidienne.

"On propose différents questionnaires qui permettent d’évaluer des symptômes d’état stress post-traumatique, des symptômes de dépression ou d'anxiété. Donc à la fin du questionnaire, un message s'affiche sur leur état émotionnel en fonction de leurs scores aux différentes échelles", explique Yvon Motreff, épidémiologiste (Santé publique-France).

Cette étude permettra ainsi en cas de résultats inquiétants, d'orienter immédiatement vers des structures de soins des personnes qui n'auraient pas encore été accompagnées.

"Il y a des gens qui sentaient que ça n'allait pas bien, mais qui n'osaient pas demander de l'aide parce qu'ils estimaient qu'ils n'étaient pas légitimes à demander de l'aide, parce qu'ils n'étaient pas blessés, qu'ils n'avaient perdu personne, ils n'avaient pas été touchés…", témoigne le Pr Thierry Baubet.

Une permanence téléphonique sera assurée jusqu'au 1er octobre, par des psychologues tout au long de l'étude, six jours sur sept et de 10h à 22h pour vous aider à remplir le questionnaire ou si vous éprouvez le besoin de parler à quelqu’un au sujet de ce que vous ressentez ou avez vécu (le numéro de téléphone correspondant est présent sur le bandeau de l’écran du questionnaire).

Vous pouvez aussi, si vous le souhaitez, remplir le web questionnaire en présence d'une psychologue dans les lieux suivants :

  • Mairie du 11e, place Léon Blum : les lundi et vendredi de 9h30 à 17h00 (sauf le troisième vendredi du mois de 9h30 à 13h)
  • Centre municipal de santé de Saint-Denis (6 rue du Cygne, 93200 Saint-Denis) : le mardi de 8h30 à 18h00
  • Fenvac (Paris 17e), les mercredis de 9h30 à 18h00 (Tél. : 01 40 04 96 87)