Cancers : les thérapies ciblées améliorent la survie

Choisir le type de traitement anticancéreux en fonction du profil génétique de la tumeur : telle est la promesse des thérapies dites "ciblées". Selon les résultats d’un essai clinique français, cette stratégie améliore significativement la survie de patients à un stade avancé de la maladie. Un reportage consacré à ces travaux sera diffusé ce 4 avril dans "Le magazine de la santé".

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

L’étude MOSCATO 01, dirigée par l'Institut Gustave-Roussy de Villejuif (près de Paris) a porté sur les cancers les plus fréquents (poumon, sein, côlon, prostate...) et plus d'une vingtaine moins fréquents. Menée entre novembre 2011 et mars 2016, elle a inclus 1.035 patients adultes atteints d'un cancer avancé, non opérable ou métastatique, dont la maladie continuait de progresser malgré les traitements.

Les chercheurs ont pu obtenir une biopsie de la tumeur chez 948 patients et établir la carte génétique tumorale pour 843 patients, ce qui représente l'analyse de milliers de gènes. Chez environ la moitié des patients, des mutations contre lesquelles il est possible d'agir ont été trouvées. "Au final, environ un quart des patients a pu recevoir une thérapie ciblée et chez un tiers d'entre eux, elle a augmenté la durée de vie sans progression de la maladie", selon le Pr Jean-Charles Soria, co-auteur des travaux publiés ce 1er avril dans la revue Cancer Discovery.

"Cette approche fait pour la première fois la preuve de son efficacité", sur cette grande variété de cancers, explique-t-il.

Des résultats encourageants

Chez un tiers des patients, le bénéfice clinique correspond à une survie sans progression de la maladie, sous thérapie ciblée, au moins 1,3 fois plus longue que celle observée avec le traitement précédent. 

Pour la moitié des patients, la survie globale a été d’au moins une année (on parle de "médiane de survie globale"), contre une médiane de 3 à 6 mois usuellement observée dans ces cas, relève le Pr Soria. Il souligne que "des patients de l'étude sont [encore] vivants 3 ans après le traitement".

Sur la base de cette étude, un nouvel essai Safir02, comparant le traitement standard au traitement ciblé guidé par la biologie, avec tirage au sort des patients, a été lancé. L'essai, qui concerne le cancer du sein et le cancer du poumon devrait regrouper quelque 2.000 patients au total, ajoute le spécialiste. Les résultats sont attendus en 2020.

avec AFP

Étude : High-Throughput Genomics and Clinical Outcome in Hard-to-Treat Advanced Cancers: Results of the MOSCATO 01 Trial. C. Massard et al. Cancer Discovery, avril 2017. doi:10.1158/2159-8290.CD-16-1396

Cette "médecine de précision" est basée sur l'hypothèse qu'on peut optimiser le traitement en s'appuyant sur les caractéristiques génétiques (mutations ou autres altérations) de la tumeur pour mieux la combattre. Ces anomalies peuvent être décelées dans des cancers touchant différents organes.

Les analyses du matériel génétique (génome) de la tumeur permettent de repérer ses points de vulnérabilité, (mutations ou autres altérations), en quelque sorte son tendon d'Achille, contre lequel on peut agir et proposer une thérapie ciblée, essentiellement des médicaments expérimentaux, selon les mots du Pr Soria.