Immunothérapies contre le cancer : le rôle décisif des bactéries intestinales

Des expériences sur la souris, menées par deux équipes indépendantes, et publiées simultanément dans la revue Science, révèlent le rôle décisif de certaines bactéries intestinales dans l'efficacité de traitements par immunothérapies.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Immunothérapies contre le cancer : le rôle décisif des bactéries intestinales

Stratégie thérapeutique aussi prometteuse que balbutiante, l'immunothérapie consiste à forcer l’action du système immunitaire d’un patient contre des cellules cancéreuses (voir encadré). Mais tous les patients ne répondent pas à ces traitements, loin s'en faut. Pour l'anticorps le plus célèbre de cet arsenal thérapeutique, l'ipilimumab, le taux de succès avoisine seulement les 20%.

Comment pronostiquer les chances de réussites de ce traitement lourd ?

En comparant les selles de souris répondant au traitement avec celles chez qui il s’avérait inefficace, les chercheurs ont découvert que l’intestin des premières abritaient toutes un couple de bactéries très spécifiques, du groupe des bactéroïdes immunogènes. En éradiquant ces bactéries de leur intestin, les chercheurs ont constaté que l’ipilimumab cessait de faire effet. Ses propriétés anti-cancéreuses étaient restaurées suite à la réintroduction des fameuses bactéries.

Si ces résultats, détaillés dans la revue Science, étaient confirmés chez l’homme, une analyse du microbiote intestinal - voire d'une greffe de microbiote – pourrait un jour constituer un préalable indispensable au traitement par immunothérapie.

Dans la même édition de Science, une équipe nord-américaine indépendant est parvenue à des résultats analogues. Les bactéries impliquées sont ici du groupe Bifidobacterium.

Les mécanismes par lesquels les populations bactériennes influent sur la qualité de la réponse immunitaire ne sont pas encore bien connus. Toutefois, une partie de nos défenses immunitaires voient le jour dans les muqueuses intestinales (qui abritent d’importantes quantités de tissu lymphoïde). Les interactions entre les cellules immunitaires et les bactéries auraient un rôle décisif dans leur caractérisation.

Source : "Gut microbes give anticancer treatments a boost", Science, DOI: 10.1126/science.aad7398

Les cellules cancéreuses ne sont pas des corps étrangers à l'organisme. Quand bien même le système immunitaire détecterait leur comportement anormal, ces cellules expriment des signaux très forts qui interdisent aux différents agents de l'immunité de faire leur office.

L'une des stratégies d'immunothérapie les plus étudiées par les laboratoires consiste à introduire dans l'organisme des molécules qui empêchent, à un niveau ou un autre, la communication entre les cellules malades et ces agents.