Chimiothérapie de l'enfant : quelles spécificités ?

Chaque année en France, environ 1.700 cas de cancers sont diagnostiqués chez les enfants de moins de 15 ans. Aujourd'hui, plus de 80% d'entre eux en guérissent, soit deux fois plus que dans les années 80. Comme chez les adultes, le traitement des cancers chez l'enfant comprend souvent de la chimiothérapie, un traitement efficace mais qui n'est pas sans conséquence sur leur vie présente et future.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le
Chimiothérapie de l'enfant : quelles spécificités ?

Qu'est-ce que la chimiothérapie ?

 Marina Carrère d'Encausse et Benoît Thevenet expliquent la chimiothérapie
Marina Carrère d'Encausse et Benoît Thevenet expliquent la chimiothérapie

Leucémies, lymphomes, tumeurs cérébrales sont les principaux cancers de l'enfant. Des maladies qui jusqu'aux années 50 étaient presque toujours synonymes d'une mort certaine et rapide pour ces jeunes patients.

Mais tout change grâce à une femme, Odile Schweisguth. Cardio-pédiatre de formation, elle ouvre en avril 1952 le premier service d'oncologie pédiatrique à l'Institut Gustave Roussy à Villejuif. Cette forte tête croit en effet à la guérison des jeunes patients. Elle se bat pour administrer des chimiothérapies aux enfants et pour ne plus les laisser mourir.

En 1969, elle crée le SIOP, la société internationale d'oncologie pédiatrique. Elle forme de nombreux cancérologues français et européens. La recherche progresse et les traitements anticancéreux sont de plus en plus performants. Le résultat est spectaculaire. Alors qu'il était de 25% au début des années 70, le taux de guérison des cancers pédiatriques est aujourd'hui supérieur à 80% !

La chimiothérapie consiste à administrer des médicaments pour détruire ou empêcher les cellules cancéreuses de se reproduire. Ce sont souvent des molécules très puissantes et agressives. Et si elles s'attaquent aux cellules cancéreuses, elles fragilisent aussi les cellules saines et provoquent, comme chez l'adulte, des effets indésirables tels que la perte de cheveux, des vomissements ou encore une extrême fatigue.

Expliquer la chimiothérapie et ses effets aux enfants

On pourrait penser que les enfants sont plus sensibles aux effets indésirables des chimiothérapies que les adultes. Mais en réalité, pas du tout. Les enfants supportent même mieux les traitements.

D'une part, leurs reins et leur foie éliminent plus rapidement les résidus de la chimiothérapie et d'autre part, ils possèdent un renouvellement cellulaire plus important qui permet la réparation rapide des tissus sains endommagés par le traitement. Des effets secondaires à long terme persistent cependant.

Le but de la chimiothérapie est expliqué par le médecin référent de l'enfant. À chaque consultation, il le rassure et lui explique les nouvelles étapes de son traitement. "Le plus difficile est de trouver les mots que peut comprendre l'enfant, selon son âge. On n'aura pas du tout les mêmes explications si l'enfant a 4 ans ou 16 ans. On va s'adapter à eux, à ce qu'ils connaissent déjà, on les rassure et on leur explique aussi comment ça se passe physiquement parlant car souvent, ils ne savent pas du tout à quoi ça correspond", explique le Dr Gwenaëlle Duhil de Benaze, pédiatre.

Au fil des séances de chimiothérapie, les enfants sont ainsi de moins en moins angoissés. Ils peuvent aussi compter sur le soutien de leurs parents. Petit à petit, eux aussi apprennent à mieux vivre la chimiothérapie de leur enfant.

Cancer de l'enfant : la préservation de la fertilité

Les chimiothérapies peuvent avoir des conséquences sur le fonctionnement du coeur et l'audition de l'enfant. D'où la nécessité d'un suivi tout au long de la vie.

La chimiothérapie peut aussi avoir des conséquences sur la fertilité. Chez les femmes, certains médicaments détruisent en effet la réserve en ovocytes. Chez les hommes, ce sont les cellules souches qui produisent les spermatozoïdes après la puberté qui sont touchées. Une préservation de la fertilité doit alors être envisagée à titre préventif : congélation des ovocytes ou du tissu ovarien chez la jeune fille, du sperme chez les garçons pubères ou du tissu testiculaire chez les plus jeunes.

À ce jour, les techniques d'utilisation de ces tissus sont expérimentales. La cryopréservation reste donc un pari sur l'avenir.