Un nouvel implant neuronal bien toléré par l'organisme

Depuis plusieurs années, des "prothèses neuronales" sont développées pour rétablir les connexions nerveuses interrompues suite à une lésion de la moelle épinière. Implantées à la surface de la gaine qui protège la moelle, les dispositifs actuels, rigides, engendrent malheureusement frictions et inflammations. Des chercheurs suisses ont présenté ce 8 janvier dans la revue Science un nouvel implant d'une très grande élasticité, pouvant être implantée directement sur la moelle épinière.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le
L'implant neuronal développé par les chercheurs suisse. (Crédits : EPFL)
L'implant neuronal développé par les chercheurs suisse. (Crédits : EPFL)
Infographie présentant les propriétés de l'implant e-Dura. (cliquer pour agrandir) Crédits : École polytechnique fédérale de Lausanne.
Infographie présentant les propriétés de l'implant e-Dura. (cliquer pour agrandir) Crédits : École polytechnique fédérale de Lausanne.

L'implant neuronal, développé par une équipe suisse, a été baptisé "e-Dura".

Réalisé à base de silicone, ses propriétés physiques sont très proches de celle de la dure-mère (la gaine souple protégeant la moelle épinière).

Les connections électriques sont assurées par des pistes en or, pouvant supporter des millions de contraintes (torsions, extension).

Implanté à des rats rendus paraplégiques par une lésion de la moelle épinière, la prothèse a permis aux animaux de marcher de nouveau (après quelques semaines de rééducation). Elle est apparue très bien tolérée par leur organisme, n'entraînant notamment aucune réaction de rejet.

Le composé de silicone incorpore en outre des microbilles de platine, et il est percé de canaux. Ces éléments permettent de transmettre des impulsions électriques et diffuser des neurotransmetteurs, afin de stimuler les neurones lésés (et éventuellement favoriser leur repousse).

Pour l'heure, ces électrodes et autres "chémotrodes" sont reliées à des câbles et tuyaux extérieurs au corps. Toutefois, les chercheurs travaillent déjà à leur miniaturisation. Il s'agit là de l'une des nombreuses étapes nécessaires avant de pouvoir adapter cette innovation à l'homme.

"Cette avancée offre de nouvelles possibilités thérapeutiques pour des personnes souffrant d'un traumatisme ou de troubles neurologiques, surtout les sujets paralysés à la suite d'une blessure de la moelle épinière", a précisé Stéphanie Lacour, professeur à l'Ecole polytechnique de Lausanne, co-auteur de ces travaux, dans un communiqué.

Si la prothèse e-Dura a essentiellement été testée sur des rats paralysés, elle peut également être fixée sur le cerveau pour réaliser une neurostimulation thérapeutique (pour le traitement de l'épilepsie, de la maladie de Parkinson et de certaines douleurs chroniques).

Pour le professeur Dusko Ilic, un expert des cellules souche au King's College de Londres, qui n'a pas participé à cette recherche, "ces travaux sont une importante avancée technologique qui pourrait ouvrir une nouvelle ère dans le traitement des lésions de la moelle épinière". Mais "il y a encore un long chemin avant de voir de telles neuroprothèses chez les humains", juge-t-il.

Etude de référence : Electronic dura mater for long-term multimodal neural interfaces. S. Lacour et coll. Science, 9 janv. 2015. doi:10.1126/science.1260318