Mélanomes : quand l'ordinateur joue les dermatologues...

Une équipe nord-américaine a mis au point un logiciel capable de déterminer si un grain de beauté suspect est un mélanome avec le même taux de succès que des dermatologues experts.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Mélanomes : quand l'ordinateur joue les dermatologues...

C’est une technologie en plein essor, dont on parle pourtant peu : celle du  "réseau neuronal artificiel". L’expression est trompeuse, car son objet n’a que peu à voir avec les fonctions des neurones de notre organisme ! Ce terme désigne en réalité des programmes informatiques qui analysent des informations de manière statistique, et améliorent leur performance par des stratégies d’apprentissage. Ils sont conçus pour classer très rapidement des données très diverses et identifier des similitudes dans de grands jeux de données.

L’un des premiers réseaux neuronaux artificiels à être médiatisé a peut-être été celui conçu par Google pour différencier des photographies de chiens de celles de chats. En une dizaine d’année, la technologie s’est développée de façon rapide. Des programmes d’analyse des caractéristiques des tableaux de maître ont par exemple vu le jour… et parviennent désormais à produire des faux tableaux tout à fait convaincants ! Un petit Rembrandt inédit pour votre collection ?

Mais ce n’est pas une affaire de robot faussaire qui défraie aujourd’hui les chroniques scientifiques : la revue Nature publie aujourd’hui des travaux montrant que cette technologie permet désormais de reconnaître les mélanomes malins "au premier coup d’œil", avec un niveau de précision égalant celle d’un panel de dermatologues.

À des fins d’entraînement, un programme informatique s’est vu soumettre 127.463 photos numériques de portion de peau, correspondant à divers cas de 2.032 pathologies dermatologiques. Dans un second temps, on a fourni au logiciel 376 clichés de "grains de beauté", qui pouvaient être "soit des mélanomes malins ou des nevi bénins" dans le premier cas (qui correspond à l’identification du cancer le plus mortel), "soit des carcinomes kératinocytaires, soit des kératoses séborrhéiques bénignes" dans le second cas (qui correspond à celle du cancer le plus courant). Tous les clichés correspondaient à des cas validés par biopsie.

Le logiciel devait déterminer la probabilité que l’image présentée corresponde à un cancer. Parallèlement, des groupes d’une vingtaine de dermatologues se sont pliés au même exercice, avec les mêmes photographies.

Les estimations du logiciel s’avèrent aussi bonnes, voir meilleures, que celles de "la grande majorité des dermatologues", commentent les chercheurs.  Ceux-ci observent que le succès fut plus ou moins éclatant selon le niveau de précision des photographies.

Le programme doit désormais être évalué dans un contexte clinique. Les chercheurs ignorent encore si le niveau de qualité photographique exigé par la machine, et si les performances du logiciel pourraient être portés sur des terminaux informatiques légers tels que des smartphone. Quoi qu’il en soit, un diagnostic visuel positif devra – comme c’est le cas aujourd’hui – toujours être validé par une biopsie.

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