Des estimations trop précises pour être honnêtes...

L’actualité scientifique nous abreuve quotidiennement de chiffres, d’estimations et de pourcentages : « consommer tel produit augmente le risque de cancer de tant de % », « si l’on prend telle mesure, on sauve « tant » de vies »… Souvent présentés à la virgule près, ces chiffres restent pourtant des estimations, et devraient toujours être présentés en prenant certaines précautions. Les explications en vidéo de notre journaliste scientifique, Florian Gouthière.

Florian Gouthière
Rédigé le , mis à jour le

Qu’il s’agisse d’une étude sur des animaux, ou d’un essai clinique sur l’être humain, les expériences à l’origine de ces chiffres concernent toujours un nombre réduit d’individus. Si cette démarche permet de recueillir beaucoup d’informations, et est tout à fait légitime (elle est au cœur de la plupart des recherches scientifiques !), des mesures sur un petit nombre de sujets ne peuvent pas produire des résultats d’une précision extrême.

Comme expliqué dans la vidéo ci-dessus, un facteur clef pour obtenir des résultats précis est le nombre d’individus (ou d’animaux) sur lequel est réalisé l’expérience. Mais même avec 1000 sujets d’expérience, le résultat obtenu reste, toujours, une estimation : les chercheurs extrapolent "ce qui serait observé dans la population générale" sur la base de ces données parcellaires.

Un sondage trivial

Dans sa chronique, Florian Gouthière prend l’exemple (volontairement trivial) d’une étude qui prendrait la forme d’un sondage. La question posée est : « qui porte le mieux la barbe : Michel Cymes, ou Benoît Thevenet ? ». Si l’on réitérait le même sondage de très nombreuses fois sur 1000 personnes appartenant à un groupe homogène, les résultats obtenus fluctueront autour de la vraie valeur. Pour être exact : 19 fois sur 20, le pourcentage obtenu correspondra à la vraie valeur "à plus ou moins 3%". Une fois sur 20, la valeur obtenue sera beaucoup plus éloignée de cette "fourchette"

Dans les graphiques, l’incertitude se représente souvent par un segment situé au-dessus et au-dessous de la valeur identifiée.

Exigez la marge d’erreur !

Le résultat de tout sondage, de tout test, de toute estimation réalisé sur un échantillon de personnes, est toujours assorti d’une incertitude. En sciences, celle-ci est d’autant plus grande qu’il faut ajouter à la question de la "taille de l’échantillon" toutes les considérations relatives à l’imprécision des mesures…

Toutes les études scientifiques sérieuses précisent la marge d’erreur attachée aux résultats. Pourtant, bien souvent, dès lors qu’un service de communication s’en mêle, cette information disparaît. Comme le démontre la chronique de notre journaliste, les conséquences peuvent parfois être dévastatrices !

Voilà pourquoi vous avez le droit de demander que les journalistes vous précisent quelle est l’incertitude attachées aux estimations lorsque des chiffres vous sont présentés !

Plus d’informations sur la question des marges d’erreurs sur le blog de Florian Gouthière.