Cellules souches pour guérir le diabète : où en est la recherche ?

Il y a vingt-cinq ans, on parlait des cellules souches pour guérir les diabétiques… Où en est-on ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Les réponses avec le Pr Marc Peschanski, neurobiologiste Inserm :

"Nous en sommes au résultat des études qui ont été largement lancées à partir du début des années 2000 avec ce que l'on appelé le protocole d'Edmonton. On savait où récupérer des cellules qui produisent de l'insuline dans des pancréas provenant de donneurs décédés. On avait l'idée qu'il était possible de les administrer mais le problème, c'est qu'elles ne résistaient pas à l'immunosuppression. Et le protocole d'Edmonton a été une modification de l'immunosuppression qui était nécessaire pour que ces cellules vivent et a permis un certain nombre d'implantations et les résultats ont été spectaculaires. En France, François Patou a mené ce genre d'étude et il a obtenu chez des patients greffés un arrêt complet de la prise d'insuline avec des personnes qui avaient pris de l'insuline pendant 40 ans. Donc c'était vraiment spectaculaire.

 "Le problème, c'est qu'il faut deux ou trois pancréas de donneurs compatibles par patient. C'est donc complètement acrobatique. En réalité, on ne peut pas imaginer faire de la greffe de cellules de donneurs, on ne peut pas véritablement imaginer faire une thérapie cellulaire. Du coup, d'autres équipes se sont lancées sur les cellules souches embryonnaires et lors d'un essai clinique aux Etats-Unis, une équipe a implanté des cellules provenant de cellules souches embryonnaires qu'ils avaient différencié, spécialisé en cellules bêta du pancréas donc productrices d'insuline.

"Ces cellules de façon très particulière ont été placées dans un tube poreux qui ne laissera pas passer les cellules, qui ne permet absolument pas aux cellules du receveur, aux cellules immunitaires de rentrer, et d'attaquer les cellules du donneur. Mais il y a des pores qui permettent la libération de l'insuline et l'entrée du sucre, de l'oxygène… Ils implantent donc ce tube. Ils ont obtenu de très bons résultats chez la souris et ils ont annoncé à la fin de l'année 2014 la première implantation chez l'homme."