Primaire de la gauche : quelles stratégies pour lutter contre les déserts médicaux ?

Lors du dernier débat opposant les sept candidats à la primaire de "la Belle Alliance Populaire", la question des déserts médicaux et de l’encadrement du coût des soins a révélé des positionnements parfois divergents.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Le gouvernement veut doubler le nombre de maisons de santé (910 recensées en mars 2017) sur le quinquennat
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Lors du dernier débat de la primaire de la gauche, la question de la désertification médicale de certains territoires a été abordée par les candidats.

Pour lutter contre le phénomène, Manuel Valls s’est prononcé en faveur d’une stratégie évoquée depuis des décennies, mais jamais mise en œuvre : la suppression du numerus clausus, qui détermine le nombre d'étudiants admis en deuxième année de médecine. Selon l’ancien premier ministre, cette mesure permettrait "rendre les soins accessibles à tous, sur tout le territoire".

Une bonne idée ? Pour l'ex-député PS et médecin Olivier Véran, partisan d'une telle réforme, "le numerus clausus a perdu son utilité dans le contexte européen qui permet de le contourner". Un quart des nouveaux médecins s'installant chaque année en France ont été formés à l'étranger. "Des collectivités paient des chasseurs de tête pour aller en trouver en Roumanie et les mettre dans nos campagnes, c'est bien qu'il n'y en a pas assez", souligne M. Véran.  La mesure n'aurait cependant pas d'effets avant 10 ans, le temps de former les praticiens, une "excuse que l'on donnait déjà il y a 10 ans".

Mais comment suivre quand les "capacités de formations" sont déjà insuffisantes dans certaines facultés, s'interroge le président du syndicat d'internes Isni, Olivier Le Pennetier. L'Ordre des médecins rappelle, lui, que le problème vient avant tout de la répartition des médecins sur le territoire et par spécialité.

Déconventionner les médecins qui s’installent en zones sur-dotées

Autre stratégie avancée par Benoît Hamon : ne plus conventionner avec l'Assurance maladie les médecins qui s'installent en territoires sur-dotés, pour les pousser vers les zones en besoin.  Une mesure similaire, rejetée par l'Assemblée nationale, avait provoqué un tollé en octobre dans la profession, le CSMF, principal syndicat de médecins libéraux, dénonçant une volonté de "contraindre" la liberté d'installation.  Marisol Touraine l'avait elle-même jugée "inefficace" et "injuste", car les patients de médecins non conventionnés ne sont quasiment pas remboursés par la sécu.

Arnaud Montebourg propose, quant à lui, la création de centres de soins et de dispensaires avec des médecins salariés et des consultations gratuites.

D’autres propositions pour réformer l’accès aux soins

La question des déserts médicaux n’a pas été la seule à être abordée lors du débat, puisque celle de l’accès au soin s’est également invitée sur le plateau.

Pour réduire la facture à la charge des patients, Manuel Valls a ainsi proposé la fin, progressive, des dépassements d'honoraires (déjà davantage encadrés au cours du quinquennat). Pour Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, les dépassements ne sont "pas de la faute des médecins". Il a réagi à la proposition en accusant Manuel Valls de "stigmatiser" une profession, et en rappelant le prix prohibitif des loyers dans certaines villes, comme Paris.

M. Valls propose aussi que la Sécu rembourse à 100% un ensemble de soins de ville, quand Arnaud Montebourg et Vincent Peillon avancent eux l'idée d'une complémentaire santé publique.  Une mutuelle à prix modéré pour "ceux qui ne peuvent bénéficier de la CMU (couverture maladie universelle) et ne peuvent s’offrir des mutuelles privées", indique M. Montebourg. Sans préciser si elle remplacerait le coup de pouce financier existant (ACS) pour les personnes aux revenus modestes (entre 720 et 970 euros par mois pour une personne seule).

avec AFP