Primaire d'Europe Écologie-Les Verts : les candidats et la santé

Quelles sont les positions de Yannick Jadot et de Michèle Rivasi, candidats à la primaire d'Europe Écologie-Les Verts (EELV), sur les questions de santé ?

Rudy Bancquart
Rédigé le

Deux personnalités aux parcours similaires

Le premier tour de la primaire d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) a eu lieu il y a moins de deux semaine. Grosse surprise : Cécile Duflot n’a pas su séduire les électeurs mais elle assure qu’elle soutiendra le vainqueur de la finale qui se jouera ce 6 novembre entre Yannick Jadot, 49 ans, arrivé en tête du premier tour de la primaire avec 35,61% des suffrages, et Michèle Rivasi, 63 ans (30,16% des suffrages).

Michèle Rivasi est agrégée de biologie. Elle se fait un nom en 1986 après la catastrophe de Tchernobyl. Face au "nuage qui s’arrête a la frontière française", elle dénonce "un mensonge d’état" et elle créée la CRIIRAD, une association qui milite contre le nucléaire. Et lorsque le téléphone portable arrive sur le marché, elle crée la CRIIREM pour dénoncer cette fois "les dangers du rayonnement électromagnétique sur la santé". Entre 2003 et 2004 elle devient directrice de Greenpeace France.

C'est là qu’elle croise Yannick Jadot qui, après des études d’économie et un passage dans une ONG spécialisée dans les négociations internationales, était devenu directeur des campagnes de Greenpeace.

Tous deux sont élus en 2009 comme députés européens sous la bannière EELV et réélus en 2014.

Les positions de Yannick Jadot en matière de santé

Bien que la santé ne soit pas le sujet de prédilection de Yannick Jadot, certaines idées reviennent régulièrement dans son discours.

Sur le diesel et le scandale Volkswagen, il ne mâche pas ses mots, parlant ouvertement "d’escroquerie en bande organisée". Selon lui, ce scandale est d’abord sanitaire et environnemental. Dans toutes ses déclarations, il répète que "ce sont des mois de vie perdus à cause de la pollution aux particules fines". Il souhaite donc sortir du diesel.

Il milite aussi contre les pesticides et propose, s’il est élu, de mettre en place dans les cantines une restauration issue à 100% de la culture paysanne locale ou biologique. 

Il propose par ailleurs que la France passe aux 32 heures. Un de ses conseillers nous a confirmé "que cela vaudrait aussi pour l’hôpital". En ce cas, il faudrait d’abord régler le problème des 35 heures à l’hôpital, car il y a toujours 2 millions d’heures sur des comptes épargne temps… C’est un des fardeaux de l’hôpital aujourd’hui.

Yannick Jadot s’est aussi beaucoup exprimé sur le CETA, le traité de libre échange entre l’Union Européenne et le Canada. L’un de ses arguments est que ce traité abîmerait la santé en rallongeant la durée les brevets des firmes pharmaceutiques européennes. Cela plomberait la politique en faveur des médicaments génériques. Fausse joie pour Jadot car le CETA vient de renaître de ses cendres.

Comme Michèle Rivasi, Yannick Jadot s’est exprimé en faveur de la légalisation encadrée du cannabis.

Les positions de Michèle Rivasi en matière de santé

Michèle Rivasi, membre de la commission santé et environnement au parlement européen, est un peu plus connue dans le monde la santé notamment pour ses prises de positions parfois controversées, du fait de très grandes libertés prises avec les faits scientifiques.

Michèle Rivasi s’exprime sur à peu près toutes les thématiques relevant, selon elle de "conflits d’intérêts" d’experts. Désireuse de plus de transparence dans le monde de la santé, elle a lancé en 2015 une vaste opération baptisée "mains propres sur la santé". Dès qu’un sujet est un peu dans la lumière, elle s’en empare : l’étiquetage alimentaire, la Dépakine®, le Médiator®, le tabac, le diesel et les particules fines, les pesticides, les perturbateurs endocriniens, le prix des médicaments, les OGM, et même l’électro-sensibilité.

Michèle Rivasi et la vaccination

À propos de la vaccination, Michèle Rivasi déclarait l’an dernier : "aujourd’hui, les vaccins créent plus de problèmes qu’ils n’en résolvent, il est temps de changer de paradigme sur la prévention". Elle réagissait à un article du Canard enchainé qui révélait la mort de deux nourrissons et faisait le lien avec le vaccin de la gastroentérite. Elle précise sur son blog qu’elle n’est pas anti-vaccin mais vaccin-critique et n’hésite pas à s’afficher avec le très controversé Henri Joyeux.

Michèle Rivasi est l’une des rares personnalités politiques à croire en l’existence d’un lien entre le vaccin de l’hépatite B et la sclérose en plaques…  alors même que tous les travaux indépendants menés ont démontré qu’un tel lien n’existe pas. La polémique avait démarré en France en 1998, après la suspension par le ministère de la santé d’une campagne de vaccination contre l’hépatite B à destination des nourrissons et des pré-adolescents du fait de soupçons d’effets secondaires. En 2007, deux études indépendantes menées sur des enfants de moins de 16 ans suivis de 1994 à 2003 pour un premier épisode de démyélinisation, avaient abouti aux mêmes conclusions : il n’existe aucun lien entre la vaccination contre l’hépatite B et les maladies neurologiques telles que la sclérose en plaques.

En 2012, l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des produits de Santé (actuelle Agence Nationale de Sécurité des Médicaments) arrivait aux mêmes conclusions, après analyse des données de surveillance des vaccinations contre l’hépatite B couvrant la période du 1er janvier 2007 au 31 décembre 2010 : "l’absence de mise en évidence de lien entre la vaccination contre l’hépatite B et la survenue des effets indésirables" de type affection démyélinisante. (lire aussi : Vaccination contre l’hépatite B et sclérose en plaques sur le site de l'Organisation mondiale de la santé).